Candictature spontanée

–       Tu te mets à la couture toi ?

–       Oui oui. Aïe !

–       Tu fais quoi ?

–       Mon CV. Tu sais faire un ourlet ?

–       Comprends pas.

–       Ca c’est une manche de mon costume d’André le Tarsier, genre de cousin-machin lointain de René la Taupe.

–       Tu délires, tu as pris de la drogue.

–       Non, je veux m’aérer, changer de métier donc plutôt que de faire des lettres de motivation qui vont mourir sous une pile de papier à recycler, je vais me jeter du 3eme étage de l’une des tours de la Défense en chantant « je suis grognon grognon grognon, j’veux du pognon pognon pognon » et rebondir sur un camion en faisant des claquettes à poil. L’idée tu vois, c’est de décliner le concept dans les pays de l’union européenne en Belgique, ouais mon budget est limité, et de faire un genre de film viral pour être recrutée. Si avec ça, mon CV vidéo ne me permet pas de buzzer, reste plus qu’à coucher.

–       Tu plaisantes ?

–       J’hésite encore avec le final… je ne suis pas certaine que les chasseurs de tête apprécient l’allégorie de l’attaque de pitbull sur la tête d’André le Tarsier.

–       Mais tes compétences ? Tes années d’expérience ?

–       OSEF comme disent les djeun’z ! Aujourd’hui, pour avoir du boulot il faut faire le beau, la rumeur doit te précéder, quitte à te ridiculiser ou à avoir l’air d’un retardé. Il faut qu’on parle de toi au Grand Journal, que ta face soit sur tous les profils. Qu’importe l’air con pourvu qu’on ait la liesse.

Le plus compliqué dans cette histoire, c’est de faire un CV anonyme en tenant compte de l’interdiction, sous peine d’amende, de se dissimuler le visage.

Bref, y’a (encore) du boulot.

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