Humouris Ironicus

–    Tu viens ce soir à la soirée canapé ?
–    Non
–    Pourquoi ?
–    Parce que ça me fait chier d’avoir des escarres et de garder ma langue collée au palais toute une soirée.
–    Mais non, tu vas voir ! Et puis on va bien rigoler. Viens, je vais te présenter !!!
–    Mouais…
Quelques heures plus tard, fraîchement sortie d’un placard.
–    Ah mais c’est toi ??? Oh mais franchement, il faut que je te dise…  qu’est-ce que tu es drôle ! Ton blog ça défouraille ! Rôôô c’te barre de rire ! Oh c’est drôle hein ! C’est bien ! Tu devrais écrire un bouquin !
–    Ah bon ? Merci, c’est gentil.
–    Mais quand même, il faut que je te dise… c’est marrant mais t’es moins drôle dans la vie.
–    Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
–    Bah là, par exemple, je ne me bidonne pas des masses tu vois ?
–    Hum… mais qu’est-ce que tu crois ? Que je suis formatée pour rire dans les soirées  où je me fais chier ? J’ai besoin d’être stimulée moi, d’être inspirée… et là, en l’occurrence, tu me saoules tu vois ? Ca me donnerait presque envie d’en faire un billet.

Même les blogueurs d’humeur à l’humour sont victimes de cette fameuse défiance et non moins célèbre « Bah vas-y ! Fais moi rire ! », comme si c’était contagieux et que l’on avait le virus de la rigolade implanté dans notre système nerveux central… La plaie !

L’humour viral est injecté dès le plus jeune âge (on ne sait ni par qui ni par quoi) et circule rapidement dans tous les organes. Hautement contaminant, il provoque des éruptions de sourires voire des crises de rires aiguës (allant jusqu’à l’ultra-son) pour qui s’approche du contaminé. La durée de la crise peut varier selon la viralité de l’humour.

On ne peut pas guérir de l’humour et pour sa souche fatale que l’on appelle l’humouris ironicus, le porteur doit en prime s’armer de précautions spéciales comme fermer sa gueule avant de dire une connerie (on n’est jamais à l’abri d’un coup de boule en rafale).

L’humour est en veille lorsqu’il n’est pas excité, alors comment savoir si nous sommes contaminés ?

1. Signes préliminaires : Quelques démangeaisons à dire des conneries et la sensation d’être bon public.

2. Ouverture des vannes : Les lèvres de vos interlocuteurs se crispent localement et forment un rictus étrange. Ils rougissent et poussent des cris.

3. La convulsion : L’interlocuteur finit par éclater, convulsionne à causes des spasmes et peut parfois libérer des larmes. C’est à cet instant précis que l’on sait que le virus est transmis. C’est là que la transmission du rire est la plus forte.

4. Flétrissement : après leur éclatement, les interlocuteurs sont pétris de courbatures douloureuses (crispations abdominales pouvant engendrer des gazs ou des fuites urinaires incontrôlés) puis se calment rapidement en prononçant un « t’es con ! ». Seule lésion qui ne cicatrisera jamais.

L’humour et le rire sont contagieux en tous temps mais c’est toujours dans les moments les plus inappropriés qu’ils sont les plus viraux (enterrement, hôpital, examens scolaires…).
Mais qu’est-ce que je dis comme connerie ! Je vous dis vraiment n’importe quoi : l’humour ne s’attrape pas. Seul le rire est communicatif.

L’humour est une maladie auto-immune, un genre de bactérie qui se niche entre les fesses.
C’est l’ironie du sort qui nourrit l’inspiration et après digestion, on vomit son cynisme en répandant de la dérision dans toutes les situations.
Pour le porteur du virus, toutes les occasions sont bonnes à mettre en situation, le secret de l’humour étant d’avoir un bon sens de l’observation.
Disons que c’est une forme de pathologie du Moi profond, une maladie qui refoule grave car tu te caches derrière un humour à la con.

Moi, j’ai chopé une sale dérision étant enfant : l‘humour noir, la pire des pathologies, celle qui fait grincer des dents.

1 Commentaire

  1. Quelqu’un de ton genre m’a sûrement éternué dessus car j’ai les mêmes symptômes.

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