Sport addict

LE CONSTAT INUTILE DU WEEK-END


–    Tu fais du sport ?
–    Non
–    Tu devrais…
–    Je ne sais pas comment je dois le prendre…
–    Non bien ! C’est juste que ça défoule
–    J’ai l’air énervé ?
–    Non
–    Bah alors ?
–    C’est bon pour toi ! Et puis si tu n’as pas envie de t’énerver sur une machine, tu peux tester la méthode Piloute
–    La quoi ?
–    Ou alors le Powerplette
–    Je préfère le bodyshopping ! Courir les boutiques, soulever des kilos de fringues, les tester et suer dans des cabines d’essayages surchauffées. C’est bien ça pour entretenir sa silhouette et au moins, on voit le résultat immédiatement
(si le double fessou rentre en un seul morceau dans le jean’s taille basse c’est que c’est bon).

On se clonait ?

–    Et un… et deux… et trois… et quatre et… un… Et toi, la fille en bleu! Lève la jambe plus haut comme si tu voulais toucher les oiseaux avec ton talon !
–    Ahhhhh ! Aie !… euhhhh ! (hiiiiii)
–    Mais non ! Sous le menton le genou (gourde !) ! Fais comme ta voisine la rose ! C’est bien la rose ! C’est très bien. Faites tous comme la « Rose »

La « rose » c’est LA créature des salles de fitness. Parfaitement profilée pour le vélo d’appartement, elle est championne en jogging sur avenue chic avec poids en chihuahuas naturels toute option Vouithon.

Dans la salle de sport, la rose est TOUJOURS en compétition et en représentation officielle (avec panoplie d’armoiries brodées sur string pailleté).
En pôle position, face à la coach de Bodypouffe, la bonne cliente (qui a le droit à sa serviette à l’année) se meut avec aisance pour avoir une élongation d’avance sur toutes les baleines échouées. Des années de lipo-aspiration, surplus de collagène et injections massives de Boulox ont fait d’elle une machine de guerre invincible parfaitement insensibilisée à toute forme de douleur. Et elle ne transpire jamais, ELLE !

La fonte des glaces

Dans la salle d’à côté, c’est le coin des hommes où ça sent l’homme. Johnny (l’habitué dès potron-minet) soulève des tonnes de fonte du matin jusqu’au soir. Plus large que haut, il collectionne les excroissances musculaires et n’a de cesse de vouloir transformer son corps pour être enfin respecté et pour refouler le minot souffre-douleur qu’il était au lycée. Et il y met le prix fort ! Des heures et des heures de douleur pour que chaque muscle puissent soutenir sa mécanique rudement huilée. Johnny se mire, Johnny s’admire… « Et puis Johnny, Johnny serre le vide dans ses bras ».

Poulpe fiction

Et enfin, il y a les désespérés. Celles qui vont à la salle une fois l’année pour tenter de « rentabiliser » l’annuité. Complètement larguées, elles restent dans le fond de la salle et tente de (se) dérouiller. Elles regardent La Rose qui regardent les « Bleues ». Les compétitrices se jaugent, s’évaluent, essayent de déterminer si l’adversaire est plus forte… plus svelte… plus belle… plus apte à détourner John-John le prof de « Dansa latina » du droit chemin (bien qu’il soit gay).

Contrairement aux idées reçues, le tatami n’est clairement pas le « love floor » pour draguer du bellâtre ou taquiner de la dulcinée. Si la cible craque devant l’unique carré de chocolat fourré (et, qui plus est, alors qu’on lui renvoie le pire de notre image qu’est celle de la douleur dans l’effort)  alors c’est qu’il/elle est votre âme sœur (ou qu’il/elle a vraiment la dalle, voire, il/elle a fait un pari) !
Oui… Assis en tailleur, on se regarde nous aussi et on remarque que nous sommes plus près du poivron que du champion. Les muscles bougent seuls… uniquement sous l’effet des convulsions… chaque pore de la peau dégorge des litres de sueur et on tremble à l’idée de transpirer du sang. On a envie d’hurler mais on a le souffle coupé (on a tout donné tellement on a ramé) !

Notre gentille conscience, après les quelques semaines de courbatures dues à la « cicatrisation » des déchirures musculaires, se rappelle à notre bon souvenir… « t’es rouillée mémé ! Va te bouger ! »
On regarde ce bas de jogging que l’on portait déjà en 6e pendant les séances d’endurance à faire le tour des cons autour du stade du quartier jusqu’à ce qu’on découvre les lauriers : échappée belle pour fumer des clopes, se bécoter ou se cacher pour souffrir.

Dernier coup d’œil aux baskets qui gisent sous la pluie derrière la fenêtre (l’effort à une odeur)… demain, ouais… demain c’est bien !

10 Commentaires

  1. ce billet transpire l’amertume

    1. Trop point n’en faut

  2. Bon allez je vais me faire l’avocat des prots…
    Trés bon billet, pleins de clichés mais bon. Personnellement je frequente une salle de (remise en forme) et non pas de muscu depuis fin avril.. 2h par jour 4 heures par semaines, et franchement pour tenir la distance, il faut quand meme:
    1- avoir une hygiene de vie irréprochable
    2- Une ligne de conduite et un putain de courage pour se lever le cul pour y aller quotidiennement, sachant que lorsque l’on est dans son fauteuil, l’envie d’aller transpirer a la salle ne donne vraiment pas envie

    Et apres il se passe une chose bizarre quand tu y va souvent.. tu te sens mieux, les phéromones que tu libères sont une raison a cela, et tu as envie d’y retourner le lendemain, et tu y prend du plaisir (je t’assure)

    Apres c’est comme tout le reste, lorsque tu en abuses tu as l’effet inverse..

    Allez courage retournes y quotidiennement, et je t’assures tu vas y trouver du plaisir

    1. 😀 Ce billet n’est pas auto-biographique mais bel et bien fondé sur l’observation de specimens en captivité pendant de longues années. C’est plein de clichés c’est vrai mais c’est plus fort que moi, j’adoooore ça les généralités car elles régissent notre société et font de nous des êtres socialement clonés, alors autant faire un grand écart facial non ? 😉 Flexion ! Dérision ! Bises l’ami 🙂

  3. Très bon article, qui résume bien les motivations récurrentes de chaque type de client de ce genre d’endroit.

    Sortir de la culpabilité et comprendre que ce genre d’endroit est tout sauf productif pour la santé et le bien être sur le long terme.

    Outre le stress cardio -respiratoire, qui augmente donc le niveau de stress du corps, les gens ont l’impression de perdre du poid alors qu’ils ne perdent principalement que de l’eau.

    La troisième mi-temps, générallement justifiée par la victoire sur la balance, refait reprendre l’eau perdue si durement dans la salle surchauffée.

    Et la musculation, à part créer des tensions musculaires, et atrophier les muscles, je ne vois pas trop l’utilité.

    L’important n’est pas la plastique du corps dans une posture figée, mais la mobilité.

    La beauté s’exprime par la grâce des mouvements. Il n’y a pas besoin d’une plastique ultra retouchée techniquement (à l’instar de la rose) pour être belle !

  4. J’m’étais dit « au lieu de penser à la rentrée des enfants, va donc te divertir, un ptit constat inutile, ça peut pas faire de mal ».
    Et merde. Maintenant j’entends Jeanne Mas me susurrer « faut que t’y retournes » entre deux « Johnny Johnny ».
    Pas merci 🙂

    1. Désolée Méline mi-nouilles. J’ai pourtant longuement hésité avec Bibi mais Jeanne Mas était une évidence 🙂

  5. Quand je vais à la salle, je pose délicatement mes petites fesses sur un banc, juste en face d’une personne corpulente qui sue et grimace pendant l’effort, puis je sors de mon sac un maxi best of, que je m’enfile devant ses yeux.
    C’est peut-être un peu salaud, mais je tiens simplement à démontrer efficacement que les disparités génétiques sont bel et bien là.

    1. C’est petit et mesquin (et il est interdit de ramener de la nourriture, des armes, des pots en verre et des objets contondants dans les salles de sport) . Vous me ferez 100 pompes Maître LeTour.

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