Surex-cité

–       Je ne veux pas y aller !

–       Cesse de faire l’enfant tu veux ? Et lâche la porte du buffet !

–       Noooon ! Je refuse. Je n’irai pas, tu comprends ! C’est au-dessus de mes forces, toi-même tu sais que j’ai des difficultés à ouvrir une bouteille de lait… Tant pis, laisse-moi sécher et tomber en poudre à côté du buffet, mais je ne foutrai pas un pied chez les Dugland tu m’entends ?!

–       Mais ça va être sympa, on va se raconter nos vacances…

–       Et ils vont nous montrer leurs PHOTOS ! Je t’en supplie, je ne peux pas les voir en peinture. Promis, je serais sage comme une image, épargne-moi les 3 disques durs externes de 200 téraoctet de jpeg, de ces heures de gros plans du nez de Dugland dans la pinède, des clichés mal cadrés des cuisses de mémé avec zoom en macro sur des tuméfactions de piqûres de taons, de l’herbe, un arbre, la dune, le sable, le pied dans le sable, le premier pas sur la dune, mon cul sur la commode… Je veux rester dans la chambre noire.

Distance fécale

Nous sommes tous conviés à un moment ou à un autre à ce que l’on appelle communément une soirée de merde. D’ailleurs, la rentrée est souvent le moment déclencheur de ces événements qui ont pour optique de relater des activités estivales et de montrer des clichés ratés de Rome en photo.

Nul ne peut y échapper.

Ces organisateurs sont autofocus, j’entends par là qu’ils n’en ont strictement rien à faire de cet épisode où vous vous êtes retrouvés encerclés par une armée de méduses enragées en plein milieu d’une bailline à Osgoure, accrochés à une balise Argos tandis que des requins affamés (oui, entre-temps ils ont béqueté toutes les méduses, c’est complètement marteau un requin) rôdaient désormais à proximité de vos palmes élimées. Non. Eux, ce qu’ils veulent, c’est parler d’eux en mode rafale.

La durée d’exposition peut être plus ou moins longue et c’est une discipline où l’on se doit de maîtriser l’APNnée parce qu’avec l’arrivée de l’appareil photo numérique, la moindre photo est une épreuve. Pour s’en rendre compte, allez donc faire un tour sur Facebook.

Un reliquat de photos du passage sur la côte d’Azur et gros plan sur le t-shirt : Nice c’est fort ! (Nicéphore pour les amateurs).

On y est. Le calvaire peut commencer : 3 497 photos sur cadre numérique, diffusées avec fondu au blanc rythmé au son d’une petite ritournelle désuète.

Les premières images balancent du blanc sur le tarmac : c’est le début des vacances, il faut immortaliser sa sale face pour obtenir satisfaction lors de la juxtaposition.

  • Photos dans le bus qui livre l’hôtel d’une horde de touristes hirsutes et gonflés par l’altitude. On prend quelques clichés des autochtones. Pas tous les jours qu’on voit des Romains, Michel !
  • Photos de l’hôtel pour se souvenir de l’entrée, du buffet, de la porte de la chambre, du lit, des sanitaires et des échantillons de shampoings qu’on calera au fond de son sac, en priant pour qu’ils en remettent demain matin. C’est toujours pratique ces petites choses là.
  • Photos de la plage : matin, midi, soir. Oh une mouette, t’as vu, c’est chouette !
  • Photos de la piscine : avec Monique, sans Monique, plan large pour montrer le bar de la piscine (t’as vu ? Y’avait un ping pong. C’est sympa le ping pong),
  • Photos de Monique : de près, de loin, calée dans un coin du cadre avec arrière-plan spécial « focus » sur un beau postérieur surex.
  • Photos des pieds dans le sable : les cors, oignons, doigts de pieds en tire-bouchon semi enfouis pour cacher les difformités qu’on a oublié de raboter.
  • Photos de la sortie : Poteries, tapis, Monique avec un chameau magique.
  • Tout cela n’est pas négatif, c’est juste que cela contraste avec votre champ de vision.

    Pendant ce temps-là, ils attendent que vous commentiez (éventuellement un like oral sur un coucher de soleil à Dubaï) mais on félicitera intérieurement Monique d’être passée au diaphragme pour qu’elle ne se reproduise pas.

    Il n’y a pas photo, pour que la situation soit nette et précise, on a tout intérêt à faire (dès le début des vacances) une petite mise au point avec les sujets du premier plan pour éviter de démarrer la rentrée au bout du rouleau voire à saturation.

    PS. Comme d’hab, ce billet est plein de clichés… 😉

    6 Commentaires

    1. J’ai adoré et je me suis bien marré! En plus je pense qu’on s’y retrouve tous beaucoup dans ces situations 😉

    2. Je me suis bien marrée aussi.
      Et comme j’ai vrai caractère d’ours par moments, ces soirées sont une véritable épreuve pour moi 🙂

    3. Des clichés dans un post sur les photos, ça s’imposait.

    4. T’chao !

      Clic clac Kodack !
      C’eussent qui ne se reconnaissent point sont des menteurs ou des menteuses.
      Je tiens à prévenir : Monique, Chantal, Denis, Isabelle, Edmond, Edmée, Joseph, Patricia que la soirée photos de vacances est annulée.

      Nico, François, Rama, Carla et les autres pas la peine de m’inviter… Merci.

    5. ([mode relou obsessionnel]Une faute spotted : « Disques durEs » 😉 [/mode relou obsessionnel])

      Toujours cadré avec décalage, un billet qui donne envie de revenir aux pellicules (sauf celles capillaires, que j’espère faire disparaître bientôt avec les échantillons que j’ai chouré à l’hôtel :-p)

    6. Je vais faire une mise au point avec moi même car j’ai eu le mauvais reflex de me dire que je n’ennuyais personne avec mes clichés

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