Auto psy d’une blogueuse

–    Pourquoi tu blogues masquée ?
–    Pour te faire parler
–    Ah ah ah. T’aime ça jouer le mystère hein ? Je n’arrive pas à te cerner.
–    Tu poses cette même question à tous les gens qui ont un avatar et qui bloguent en anonyme ?
–    Non
–    Bah alors ? Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que je me cache dans l’ombre pour cacher des douleurs que la vie m’a infligée, que je suis un homme à moustache, que je suis une femme à poil, que je suis peut-être les 2 ? Que je suis célèbre, que je suis anonyme, que je suis trop laide pour avancer à visage découvert, p’t’être ben que je suis normale après tout…
–    Mais c’est quoi ton prénom ?
–    Mais en quoi avoir ma photo ou mon numéro de sécu serait utile alors que ce que j’écris est futile ?
–    Bah je sais pas. T’as honte de ce que tu écris peut-être…. Et puis tu aimes peut-être ça attiser la curiosité de tes lecteurs, avoir plein de gens qui fantasment sur toi pour faire du trafic sur ton blog.
–    Qu’est-ce que tu es troll…

Ce qui est intéressant dans cet échange inspiré d’une histoire vraie, c’est que pour une partie du « lectorat »  (une minorité cela va de soi) qu’importe le contenu pourvu qu’on voit le flacon. Traduction : l’image et la réputation sont plus décisives que les écrits du blogueur dans ses missives.

Pour cette population, l’intérêt du blog est fondé sur plusieurs critères de sélection :

– Ses liens de « parenté » : est-il connu des blogueurs ? Figure-t-il dans les favoris des grands de la toile Mry (ce piteux jeu de mot me démangeait). Si oui, avec un peu de chance et pas mal de billets commentés, je pourrais être recommandé (ou au mieux être blogrollé).

– La socialisation par la sexualité : un blog de fille ne peut être qu’orienté maquillage, mode, journal intime. Si tu parles de cul alors tu feras partie des blogueuses chaudasses et les plus frustrés y verront une opportunité de se soulager.

Son rôle dans le fonctionnement de la e-société : est-il « influent » ? Influent voulant dire populaire : est-il en contact avec les agences, va-t-il dans les soirées VIP (généralement, les blogueurs les plus connus créent les buzz qui font leur propre buzz, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même). Si oui, je vais le suivre et le commenter, on ne sait jamais, sur un malentendu, je pourrais sans doute réussir à m’incruster.

Petite analyse des déviants qui font la socialisation du blogueur.

Le fan
Super ! Génial ! Le fan aime tout de son blogueur préféré. Il est le premier à commenter, le premier à relayer. Il fait écho à tout ce que sa star peut poster même le plus insignifiant billet sur un petit déjeuner. Il peut aller jusqu’à vénérer le tag des 2 lignes que l’être aimé a posté. Un seul mot lui étant destiné et il ne vous lâchera plus jusqu’à la fin de l’éternité.

Le disciple.
Il est l’ombre, le jouet, le copain, le défenseur, l’élève. Il apprend aux côtés du maître qu’il s’est trouvé. Sous la protection de son mentor, il se permet quelques libertés quitte à s’approprier la personnalité de ce dernier. Il copie le style, joue dans sa cour, ses erreurs sont pardonnées, il débute c’est normal qu’il s’essaie à quelques originalités. Le disciple peut aussi être une relation bâtie sur la fornication. Sans aucun talent, le disciple peut accéder à la popularité. C’est ce qu’IRL nous appelons vulgairement la promotion canapé.

La tique
Ces personnes passent leur temps à traquer leur proie dans tous les réseaux où le blogueur ciblé peut-être amené à œuvrer.
Une fois le contact initié, elles peuvent alors s’installer, pomper l’énergie, étudier la personnalité et une fois les failles identifiées, elles piqueront les idées.
Cet individu, qui agit seul, est parfaitement dénué de personnalité c’est pourquoi il va se créer une communauté (fondée sur la vôtre) pour mieux aspirer votre popularité qu’il compte bien exploiter. Sous ses airs sympathiques et malgré son amitié déclamée « dénuée d’intérêt » sachez que vous devez vous en méfier : Il finira par se retourner contre son hôte de fortune pour mieux se faire de la tune. La tique a signé le serment d’hypocrite.

Le troll
Le troll est profondément frustré. Ne parvenant à s’imposer au sein de sa société, il a trouvé dans cette activité un moyen de se libérer de ses tensions et de donner corps à son absence de gratification.
Le troll devait probablement être la risée du lycée, certainement aujourd’hui, encore complexé par le poids de ces échecs non assumés.
Bien souvent, on constatera que le troll est assez limité intellectuellement. Il agit selon ses pulsions et reste focalisé sur une cible qu’il envie malgré lui mais refuse d’assumer cet amour qui lui fait défaut. Voulant exister et sachant qu’il ne sera jamais apprécié pour l’absence de ses qualités, il préfèrera se tirer une balle dans le pied pour se soulager. Il se créé alors une nouvelle personnalité de rageur masqué en nourrissant le désir refoulé qu’un jour peut-être, à son tour, il pourrait aussi atteindre la célébrité et avoir ses propres trolls à se coltiner.

Après avoir fait ce tour d’immondes,
vous comprendrez pourquoi j’ai fait le choix de l’anonymat :
Je n’ai jamais aimé jouer à l’ego, mon blog ne sera  jamais qu’un jeu de mots.

1 Commentaire

  1. xD
    Avec ma première ligne, le reste est inutile, hm ? ^^

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