Ctrl-Sex

– Ne bouge surtout pas ! Reste tranquille, j’appelle les secours !
– Hein… chchchch fffffffff, chchchch fffffffff… pourquoi ?
– Ton coude… il est coincé entre tes omoplates, là, juste sous ton bassin… J’ai vu la même chose dans l’Exorciste, après le lit se met à léviter et la possédée fait un truc chelou avec sa tête.
– Arrête de psychoter ! Mon App Sexoroscope sur Iphoune m’a dit qu’aujourd’hui j’avais un Ki de ouf et que – parce que Pluton entre dans le mois Vulvaire – c’était le moment idéal pour s’essayer à faire des katas-sūtra, c’est comme des mouvements de karaté mais allongée. Franchement, c’est génial pour les coincées du cul, je te la recommande ! Et en plus, elle est free. Bon forcément, je n’ai pas la totalité des infos parce que c’est la version démo, ceci explique ma figure géométriquement contrariée.
– Mouais, si tu veux prendre ton pied, t’es mal barrée…
– Mon pied ? Ah non mais lui, c’est trop tard, je l’ai déjà fracturé le week-end dernier.

Que le sexe à la bouche
La grande tendance du moment c’est d’être femme libérée (tu sais qu’c’est pas si facile).
Alors la femme libérée parle de sexe. Beaucoup. Tout le temps et elle en parle bien plus que de la pluie et du beau temps. Enfin, c’est ce que disent les magazines et le web où on en fait un étendard pour rameuter les vieux 60 twittars qui n’y voient goutte.
Le sexe, c’est in (et out et in et re-out). C’est trendy mais il ne faut pas dire que c’est tendance. Tendance, c’est has been. On parle ici de LA femme libérée, celle qui brandit un Gode Michel en latex nervuré rotatif 8 vitesses avec prise USB, délurée et fière, telle La Liberté Guidant le Peuple le sein à l’air.
Le sexe c’est mode – tout comme les Ugg™, genre de vagins pour pieds : pas photogéniques mais tellement chauds et confortables.
Le sexe est devenu l’accessoire indispensable. Oui, qu’il soit oversized ou effet seconde peau, la bite c’est notre dada.
Fini le rustique et le Bio, la femme « must have 2011 » doit multiplier les conquêtes à prise rapide et se distinguer par son appartenance à la communauté du « Cuni Oui-Oui».

Adopte un Mac
Mais surtout le sexe fait vendre ! Ce n’est pas un hasard si la presse féminine s’en empare à pleine main. Les travailleuses du sexe deviennent capitalistes : plus tu parles de sexe et plus tu vends de la pub ou de ces petits accessoires sexy dans la page shopping. Faire de la thune avec le cul, oui… mais grâce au papier uniquement sinon, c’est de la prostitution. Aux innocents les mains pleines.
Pour être « bandable », il faut titrer threesome, gode-michet, sodomie, masturbation, fuck-friend et s’insurger en militante décomplexée : « fake le point G ! ».
C’est pourtant bien connu, ce sont celles qui écrivent le plus qui en font le moins. Faut dire qu’à force d’écrire sur le sexe, ça vous épuise un sujet. Le sexe, c’est du boulot !

Coacher le 1er soir.
Hell, Flemme Actuelle, Glamoule, Grossomodopolitan, les Inroxx, Marie-Glaire… même à la télé, on parle de la petite mort qui nous frappe quand on prend notre pied ! Le sexe envahit les media qui en font leur fion de commerce à grands renforts de conseils, d’astuces, de « to do » et de témoignages inventés par des pigistes payées au feuillet.
La ménagère de moins de 50 ans a le vent en croupe et celle de + de 50 revendique son droit au statut de MILF (Mother I’d Like to Fuck) ou de Cougar du corps.
Métro, boulot, sodo… c’est le sujet routinier qui se monnaye bien avec de la pub.

Étonnamment, les lectrices se sont ces mêmes filles qui s’insurgeaient sur les conditions de la femme dans les films-pornos. Aujourd’hui, elle surfent sur Youporn. Bien sûr que oui ! C’est hyper hype de se filmer, la mode est aux Sex-Tape de stars alors si les stars le font, faut le faire sinon t’es pas dans le coup… fallait le voir sur la petite chaîne qui monte (un reportage très sérieux) mais bien sûr, elles prendront soin de mettre la sécurité parentale, on ne sait jamais, avec toutes ces vidéos pornos qui tournent sur le web, faudrait pas que Pitchoun prenne peur (ce n’est pas grave s’il tombe sur Bibo et son dossier « popole-position »).
Elles kiffent le sexe et le revendiquent haut et fort dans les forums (bobby refuse de porter ma culotte, que faire ?) Pas grave si Pitchoun cherche maman sur Google.

En attendant, le sexe fort se fait mou, il se terre, il se tait. Le sexe faible lui a coupé la chique. Avez-vous déjà vu un magazine hétéro titrer sur « Tout ce qu’il faut savoir sur la sodomie pour pimenter son couple » ? Non, la presse masculine garde sa ligne conductrice : les filles à poils avec épilation intégrale en cahier central. Pervers pépère.

La presse féminine, elle, continue de mettre toutes les 2 pages, des filles dénudées pour inciter ses lectrices à acheter des bottes fourrées ou à manger du yaourts mais oublie de mettre des mecs. Va savoir pourquoi la presse parle bite sans montrer le corps qui va autour.
La parité aurait-elle ses limites ? Monsieur serait-il toujours considéré comme l’homme qui tient la bourse ?

Bref, parler de sexe c’est bien, le faire c’est mieux et avec un peu d’amour c’est idéal.
Je conclurais ce billet par une introduction :

Bienvenue dans le prêt-à-niquer où le sexe est relégué à son plus simple appareil.

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