Humeur noire

–    Fais pas la gueule, t’es pas un monstre !
–    Je ne fais pas la gueule putain et arrête de rire merde, il n’y a rien de drôle.
–    Ouh la ! Ainsi soit-il. Le fait que tu grinces des dents et que tu fasses des copeaux, c’est normal quoi ! Tu reviens juste d’une injection de Botox au marteau piqueur et ça ne cicatrise pas ?
–    Non non non et NON ! J-E N-E FAIS PAS LA GUEULEUH ! Je n’ai rien à dire c’est tout. Point. Barre. Je suis CONCENTRÉE, j’ai pas le droit d’être concentrée hein, hein ? C’est interdit ?
–    Voyons voyons, p’tit tour d’horizon : murs lacérés, chien épilé, l’urne funéraire de feue mémé atomisée, pied de table rongé… ?
–    Hum.
–    Oui ? Tu voulais dire quelque chose ?
–    Non
–    Bon, alors, qu’est-ce qu’il se passe ?
–    Il se passe que j’ai flingué mon vernis à cause de cette foutue clenche de porte que TU n’as pas réparée ! Voilà ce qu’il se passe !

L’Homme (en tant que genre) est-il à la recherche du bonheur ? Cela pourrait être un bon sujet de philosophie mais point trop n’en faut, je ne vais pas tirer Descartes pour savoir si j’ai bon à ma dissertation. Je tenterais juste de chercher une vague explication.
Donc, en théorie, oui. Voilà, ça c’est dit.

Alors pourquoi, en pratique, l’Homme s’obstine-t-il à faire la gueule, à ruminer, à râler, à gueuler, à agresser, à grommeler, à vociférer, à merder ? Pourquoi il s’ulcère et surtout, à quoi ça sert ?
Nous souhaitons tous être heureux, c’est un vœu pieu et lorsque nous avons toutes les cartes en main pour se contenter, nous prenons un malin plaisir à mettre ce bonheur au pilori et à en faire un feu de joie.
Ce n’est que lorsqu’il part en fumée que nous redevenons, enchantés, de perpétuels insatisfaits. Nous en sommes presque soulagés et nous aimons le partager. Connaissez-vous beaucoup de gens qui vous disent que tout va bien et qu’ils sont heureux ? Non, l’Homme est paradoxal, quoi de plus normal.

Pour certains, les situations simples compliquent les relations alors ils cherchent la petite bête pour avoir le bonheur de l’écraser à coups de talon. On ne sous-estime jamais assez sa propension à détruire ce qui est bon.

Pour d’autres, les chanceux qui ont tout pour être heureux, ils créent leur propre monstre pour se faire peur. C’est encore ainsi qu’ils se sentent le mieux : s’interdire l’idéal pourvu que cela fasse du mal.  Le handicapé du bonheur fera même un point d’honneur à ce qu’on le prenne définitivement en horreur (la créature en question peut même faire un malheur).

Le malheur c’est qu’à force de se regarder le nombril on finit par oublier de regarder la misère, la vraie, celle  que nous côtoyons au détour d’une rue, nos « voisins » d’infortune qui rêveraient d’avoir accès à nos petits désagréments du quotidien.

Ce sont ces gens à côté, ce sont ceux que nous fuyons de peur que leur misère nous contamine. Nous  changeons de trottoir, nous fuyons ceux que notre société à mis de côté comme pour nous rassurer, cela ne nous arrivera jamais. Mais ils sont là, chaque jour plus nombreux. Des hommes, des femmes, des travailleurs pauvres, des vieillards, des enfants…

Le Samu Social de Paris a lancé récemment une opération online : Dans la peau d’un sans abri. L’internaute bien au chaud chez lui est invité à vivre en temps réel la vie d’un SDF.

Une opération intéressante qui a sans doute coûté de l’argent. Cependant, aujourd’hui, le 115 est toujours saturé d’appels, « en dérangement ». Impossible de les joindre pour aider ce sans-abris qui dort sous ma fenêtre encore cette nuit .

Il existerait des solutions. Dans Samu Social j’entends réseau social : entraide, communauté, assistance. Après en avoir discuté en 140 caractères sur Twitter avec @nicolasvoisin, il apparait que Twitter pourrait être une alternative très économique et simple à mettre en place pour recueillir les « alertes » en utilisant notamment la géolocalisation. Twitter c’est aussi aider son prochain. Et il doit bien y avoir aussi une application pour ça 😉

Ceci un voeu de détresse pour le Samu Social.

4 Commentaires

  1. A quand une application, aussi, pour ça ?
    Imaginons un instant pour tous les possesseurs d’iPhone et consorts une application « carto » telle qu’on en connaît pour beaucoup d’entre elles déjà.
    Une carte, une position, un sdf. Un drapeau à planter pour celui qui passe et évalue la situation : drapeau bleu, le sans-abri est équipé (tente, cabane,…). Drapeau rouge, il ne dispose de rien (comme trop souvent à même le sol). Drapeau noir, il est en situation de détresse, mal en point.
    Un moyen tout simple d’agréger au fil des déplacements une vue d’alerte en temps réel à destination de tous comme des associations d’entraide, samu social ou autres.
    Un outil solidaire au-delà de la ptite pièce, un baromètre permanent et statistique pour mettre à mal le discours de l’état sur la prouesse de son bilan social, un effet miroir pour ceux aussi qui ne voudraient pas voir…
    Un nom d’emblée ? Je vous propose HERE inzecity. En hommage pour la bonne idée… Avis aux développeurs et autres mangeurs de pomme.

  2. Serais tu notre côté « bon samaritain » que nous avons tous en nous et qui s’éveille lorsque nous nous endormons sur nos lauriers et dans notre vie pleine de désagréments, de crise mais très certainement moins pourrie que celle de toutes ces personnes que nous ne voyons même plus ? Notre société est depuis un bon moment en train de perdre ses repères tellement elle a peur de ne plus exister aux yeux des autres et tout cela en parti à cause de nos politiques qui nous écrasent la vie de charges et d’impôts pour aider les grands à rester grands (qu’ils le restent, il en faut bien) et les petits à… Rester petits…

    Pourvu que ton humeur noire pousse et ne s’amenuise jamais afin qu’elle nous enrichisse tous à aider notre prochain comme nous devrions toujours le faire.

    Merci

  3. C’est énorme, c’est tellement simple que cela parait évident de bon sens et pourtant !
    J’espère cette idée dépassera le stade de bonne idée.

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