L’homme descend du singe et prend l’ascenseur

– ‘jour
– ‘jour
– …
– …

(Ritournelle des « 4 saisons en une »)
– …
– …
– Bonne journée
– Pareillement

 

À ma connaissance, la science ne s’est jamais lancée le défi d’effectuer des recherches quant à l’impact des transports verticaux sur les facultés cognitives de l’humain et pourtant, dès que nous mettons le pied dans un ascenseur, notre langue reste invariablement collée à notre palais (et ça démange).
La vitesse de déplacement de l’ascenseur versus l’attractivité terrestre influerait-elle sur la dextérité de notre muscle lingual ?
Avons-nous des gènes particuliers pour être à ce point embarrassés par une contiguïté forcée ?
Comment s’épargner les exhalaisons de l’haleine sur le dos quand on ne peut pas sentir les gens ?
Ne serions-nous plus en mesure de maîtriser le stress des guerres intestines qui nous cause bien des flatulences ?

 

Charlot-élévateur
Finalement, nous sommes relativement égaux dans l’ascenseur. Faisons fi de l‘âge, de la position hiérarchique ou de l’attractivité de l’usager, le résultat est le même : une verve molle, une panne gestuelle, un trouble de la diction et aucun porte-parole pour vider la bouche d’égo.
Certains y voient une opportunité d’ascenseur social pour arriver en haut de l’échelle, d’autres une cellule surpeuplée dans laquelle sa réputation est engagée. Mais le problème majeur avec l’ascenseur c’est que le temps imparti pour engager la conversation restera toujours très limité, bien qu’une minute peut se muer en un mauvais quart-d’heure à passer.
– On regarde ses pieds en se disant qu’on ferait bien de s’occuper de ses oignons,
– On s’auto-hypnotise grâce aux boutons lumineux regrettant de ne pas avoir fait le choix éclairé de prendre l’escalier,
– On fait le test de Rorschach en se demandant si l’auteur de cette tâche séminale sur la moquette arrive à se foutre en pétard,
– On se questionne : Otis™ fait-il partie de la famille Redding ?
– On s’assure que la petite sonnette est bien accompagnée du numéro des secours 24h/24 en refrénant cette irrépressible envie de les appeler pour se confesser de toutes ces pensées.
Comme on dit, « On est un con ».

 

Préliminaires ascensionnels
Le calvaire de l’ascenseur commence avant que les portes s’ouvrent. Vous remarquerez qu’on la ferme immédiatement.
Mais avant, la sélection naturelle s’effectue par la prise d’initiative : il faut appeler l’ascenseur en appuyant sur un bouton (le bon). On reconnaît le leader ! Histoire de vous enfoncer avant de monter, c’est lui parlera en premier demandant à quel étage vous vous rendez. On bredouille un « guiguième » et bien que probablement très cultivé il parvient à se planter n’ayant pas fait Grosniais seconde langue.
On finira les 10 derniers étages à pied, la tête haute et les jambes sciées.

 

S’élever du pied droit
Pour les autres, la mise en condition s’intériorise : les mâchoires se serrent entraînant un verrouillage automatique des sphincters.
Si le transport ascensionnel est mixte, le miroir s’avère un allié de choix pour s’espionner en faisant mine d’observer ses pieds
Si on est seul, on en profite pour se refroquer ou d’ôter la feuille de roquette coincée dans le râtelier.
En groupe on évite de se regarder dans les yeux, par contre même un peu gauche on se donne le droit d’examiner les tronches en biais.
En tête-à-tête, avec un boss ou une personnalité forte, c’est foirage assuré. La pluie, le beau temps, le but du PSG (oh pardon, s’il y avait eu un but ça se saurait), la circulation… Au final, quoiqu’on en dise, à avoir l’air d’un demeuré, il faut s’attendre à se prendre un vent
Alors que dire ? Comment engager le dialogue sans période décès ?
Il faut calibrer le sujet en fonction du temps imparti.

 

Le sujet Paul le poulpe a fait coulé trop d’encre ou H1/N1 conflit de connards ou même WikiLeaks le coup fourré, mieux vaut l’éviter pendant l’ascension. Alors voici quelques suggestions de micro-sujets (faut voir sur soi).

 

Un boss : 
Toujours le laisser parler en premier et faire mine de potasser vos photocopies sur papier recyclé (votre CV ?) en prenant un air très absorbé et surinvesti. 
Si la relation est « détendue » on peut tenter un : « Quel bel outil pour une ascension sociale n’est-il pas ? » (à accompagner d’un rire corporate s’il est bien luné).

 

Un/une collègue canon (recommandation à destination des gros lourds seulement qui craignent la surcharge de dossiers après le fameux « tu montes chérie ») «Tu as raison de prendre l’ascenseur, tu n’as pas besoin de prendre les escaliers, bien fait(e) comme tu es. Tu fais du sport non ? » 
 « Non ? Il faudra que l’on se revoie pour que tu me dises comment tu fais ça ».

 

Un(e) inconnu(e) « attractif(ve) » ?
 Trait d’humour uniquement si l’inconnu(e) vous semble « réceptif » à la blagounette :
 « Ouh la ! Y’a tellement de boutons que ça me rappelle mes années collège ! » (si sourire affiché, vous embrayez)

 

Une personne âgée ?
 Finger inzenose. Misez sur les petits maux/mots du quotidien et tout ce qui révulse les vieux (chaude-pisse, rupture du frein, mycose vaginale) et finir par un « c’est pas facile tous les jours ma bonne dame », « Ah j’vous jure, les jeunes de maintenant »…

 

Un(e) ennemi(e) : Tu as vu le film l’ascenseur ? Paraît que c’est tiré d’une histoire vraie ! D’ailleurs c’est arrivé cette semaine je crois. Un carnage. Tu as entendu ce bruit bizarre ?

 

En conclusion :
Si vous n’êtes pas prolixe ou légèrement angoissé, prenez les escaliers
car comme dit l’adage :
fessiers musclés, mutisme toléré

 

Un GRAND merci à Culture Pub pour son aide et à ceux qui ont œuvré dans l’ombre.

 

 

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6 Commentaires

  1. Maitre Cap’Hello est de retour pour les corrections 😉
    J’ai bien ri dans ce billet mais il faut faire 2 corrections :
    Il manque des mots dans ces deux phrases, ou bien je n’ai pas compris 😉

    « – On fait le test de Rorschach en se demandant si l’auteur cette tâche séminale sur la moquette arrive à se foutre en pétard, »

    « On reconnaît le leader ! Histoire de s’enfoncer avant de monter, c’est lui parlera en premier, demandant à quel étage vous vous rendez. »

    Bon admettons 2s qu’il n’y a plus d’erreur, alors bin j’adore ton billet 🙂

    Con… Tact… A suivre…

    1. Corrigé ! Merci chère sentinelle 🙂

  2. Tweets that mention INZECITY » Blog Archive » L’homme descend du singe et prend l’ascenseur -- Topsy.com

    […] This post was mentioned on Twitter by Patrick Quang Thien, JD Hache. JD Hache said: RT @Inzecity: Ascenseur asocial http://j.mp/hYvkhQ (blog post) […]

  3. je vis et je travaille au rez de chaussée. J’ai les fesses molles et je prend jamais l’ascenceur. Ma vie est merveilleuse.

    1. et ça, c’est beau ! 🙂

  4. En haut de l echelle la place est rare tandis qu en bas on est des foules a tenir ensemble sans se bousculer et sans personne pour vous emmerder. Miller etait un sage il avait compris que l ascension sociale n est pas un paisible voyage mais un combat acharne contre soi-meme et les autres..De nos jours rares sont les personnes qui renoncent ainsi a leur ticket pour les sommets. C est comprehensible du reste l epoque est tellement desesperee l avenir si sombre que chacun veut pour soi-meme ou sa progeniture l assurance d une planche de salut. Et evidemment comme pour le Titanic il n y aura pas de place pour tout le monde.

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