L’article de la mort

– Le jour où je ne prendrais plus de plaisir à écrire, je ferai l’autopsie de mon blog pour m’assurer d’en avoir fait le tour et je l’euthanasierai à coup de bits. On appellera le croque-mots et ça se fera sans concession je te le dis.


– Eh bien quel programme ! Et il se passe quoi dans la tête d’une blogueuse qui arrête de bloguer ?

– J’imagine qu’au début, cela doit être le chaos. Tu ne tournes pas rond, tu écris tes posts sur Post it, tu te laisses aller à demi-mot….

– Mais si tu devais arrêter ton blog, tu ferais quoi ?

– Bah, comme tous les blogueurs, je tenterais d’écrire un livre qui ne verrait jamais le jour… (parce qu’entre-nous, à part les blogueurs, qui lit les blogs hein et un blogueur écrivain, t’en connais un qui se vend, toi ?)

– C’est ce que les blogueurs espèrent tous, non ? Se faire un nom, piger dans un canard au lance-racket, ou encore voir ses mémoires virtuelles reliées aux éditions Vieuflux.

– Un blogueur sans son blog c’est un peu comme un Zombie sans sa tête… Il meurt de fin.


A défaut de pouvoir entrer au Panthéon comme Albert Camus, le blogueur hyper camé érige de son vivant son propre monument virtuel pour sa postérité. Il exhume toutes ses pensées, ses trouvailles, ses idées qu’il met en bière sous formes de billets soigneusement rangés dans une chambre froide (plus communément appelé : l’hébergeur). Tout va bien jusqu’à ce que la panne textuelle ait raison de lui (j’en ai déjà parlé… là, non pas là, là ! Au fond à gauche).

Que celui qui n’a jamais pensé à mettre fin à son blog me jette la première stèle !

Faisons un peu d’anticipation. Imaginons que les Blogs viennent tous à disparaître du jour au lendemain, un genre de bug de l’an d’Emile (Zola) ou pis encore, d’une apocalypse digitale (fracture ouverte des 2 mains).

Alors, un blogueur qui déblogue complètement, comment ça marche ? A quoi ça ressemble et surtout comment le reconnaître pour lui échapper sans avoir à lui couper le texte (merci de bien articuler pour celles et ceux qui lisent à haute voix) ?

–    Il ne vient plus aux soirées (de toute façon, il n’est plus invité)

–    Il écrit sur du papier, rature, écrit, puis rature… Il arrache et jette les pages dans une vraie poubelle donc il tue des arbres (plein ! Même les arbrisseaux…) et il pollue

–    Il fait du « Air blogging » : pianote sur toutes les surfaces dures (inox, marbre, bois…), ses doigts deviennent calleux et son entourage devient fou

–    Il pense à un bon mot (un bon lien, une actu…) et puis oublie, frappé d’amnésie

–    Il lit avec intérêt et nostalgie les statistiques des flux boursiers (et ça le fait presque bander)

–    Il lit la prose des autres (en diagonale, faut pas déconner)

–    Il écoute des conversations en entier sans décrocher (s’il bave c’est qu’il a fait une rupture d’anévrisme)

–    Il dort pour oublier (et il boit aussi)

–    Il commente ce qu’il se passe à la télé même Sacré Soirée

–    Il s’insurge en silence comme la majorité des Français

–    Il tague… seulement ses murs avec des mots décousus : Vie – Web – sexe – Loic Le Meur – Adieu – Blog –  lolcat – Paris Hilton – Google – Sex – actualités…

–    Il devient pudique et se cache pour pleurer, rire et même baiser….

–    Il photographie des mouettes, les copains défoncés dans les soirées

–    Il cligne (lentement) des yeux et qui passent du rouge au blanc (rouge sur blanc, tout fout le camp)

–    Il soliloque… et dans soliloque, il y a loque

En résumé, un blogueur sans blog c’est un « mot-vivant » particulièrement flippant, mieux vaut le voir sur la toile qu’en peinture.

Pour finir, si je devais un jour concevoir mon Bloguérarium,
voici ce que serait mon épitaphe :


« Ci-gît Inzecity, pseudo-anonymo-blogueuse qui écrivait
comme si chaque billet était le dernier.
Elle a au moins réussi sa mort, c’était le dernier et celui-là est resté.
« 

Amen (tes commentaires)

12 Commentaires

  1. Sinon, en guise de paraphe mortuaire…« 404 – « Fille » Not Found »

  2. Super article 🙂 Personneleent j’ai déjà fermé un blog, ca fait mal au coeur… Mais j’en ai réouvert un autre 😛

  3. espérons que cela t’arrivera le plus tard possible… parce que ce blog-ci, nous, on l’aime 🙂

  4. mmmmh, quel article délicieux, comme d’habitude…
    Moi j’aime te lire aussi, tes jeux de mots toujours à point, mais bon, on est pas là pour faire ton éloge funèbre non plus 😀
    bonne continuation 😉

  5. Honnêtement, je n’ai jamais songé à « fermer » mon blogue. Je blogue depuis bientôt quatre ans maintenant, et oui, souvent, j’ai des « pannes textuelles », des regrets de ne pas réussir à publier, ou des envies de poster non assouvies qui disparaissent quand j’ai l’occasion pourtant de le faire.

    Et je m’amuse toujours à lire les textes sur le sujet que les autres postent pour moi ! Merci !

    Mais fermer mon blogue, ça, non, jamais encore cela ne m’a effleurée. Cela ne me poussera cependant jamais à vous jeter la moindre stèle !

  6. pardon mais ce titre de post me rappelle VAGUEMENT quelque chose…
    http://morisset.wordpress.com/2009/06/12/a-larticle-de-la-mort/

    1. Toute ressemblance avec des billets existants ou ayant existé serait purement fortuite et indépendante de la volonté de l’auteur. Vous noterez néanmoins cher docteur que le « (à) » ne figure pas dans ce billet :p. Les beaux esprits se rencontrent.

  7. J’ai tellement peu d’inspiration en ce moment, que je suis condamnée à lire les blogs des autres. Mais finalement, c’est pas plus mal pour tout le monde.

    J’aime bien : « je l’euthanasierai à coup de bits ». C’est très bon pour le référencement ce genre d’expression. Je note.

  8. les blogs avant ça existait :c’ét

  9. ait les mots sur la porte des WC du bahut

  10. Déconne pas, ou je m’immole par le feu. Ou je mimolette, je ne sais pas encore… ♣

  11. Oh bin flûte alors.
    Moi qui arrive fraîchement sur ce blog. Et que vois-je ? On parle de fermeture ?
    Cela ne se passera pas comme ça non de non !

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