Le masotriste


Ce constat vaut pour les séparations de couples mais également pour les fins d’amitié (dans une plus petite mesure).

Nous ne savons pas pourquoi, mais dès que l’être humain se sépare de sa moitié d’orange ou de son « double d’émoi», il ne reste que des pépins. Pressé de faire son deuil, il attrape sans aucune incubation une maladie lente et extrêmement handicapante que j’appellerai la « séparationnite aigue ».

Endeuillée, la personne atteinte dans son amour (propre) traverse différentes étapes qui lui seront nécessaires pour passer du stade de « je suis une merde » à celui de « je t’emmerde » et cela peut lui prendre plus ou moins de temps (certains ne s’en remettront jamais).

Outre le fait que la remise en question dans le cadre d’une séparation de couple est clairement inenvisageable (les salauds ont toujours tort), il convient de rappeler que l’être humain ne sait pas vivre sans une « âme sœur » (a minima fantasmée) qu’elle soit amicale ou amoureuse.
Une fois la guerre enclenchée et la séparation consumée, l’être humain se sent abandonné, misérable et profondément vulnérable (en tout cas, il aime à le faire croire).

Voici quelques « défigures de styles » (certains faits peuvent heurter la sensibilité)

Etape 1 : personne ne m’aimeuh !!! (surtout pas moi)

De manière générale, le tableau est assez répugnant (c’est sans doute une séparation qui a dû inspirer John Carpenter pour concevoir sa Mouche) : détritus, tu détruis, œil poché, bave, coiffé comme un dessous de bras, loqueteux… le pas zombesque, le néo-solo entre dans une phase de déconstruction.
Monticule de Kleenex entassés à côté du lit : le ménage est accessoire au regard de ses déboires et puis qu’importe le flacon quand on est ivre !
A défaut de chasser la belette, on collectionne les peaux de renards. L’équilibre alimentaire est entièrement revu dans une logique de diabétique : du sucre, du sucre, du sucre (et parfois, du sucre de canne).
L’hygiène est également toute relative. De toute façon, on s’en fout, on peut sentir l’âne mort et remugler sévère, l’autre ne peut pas partir plus loin qu’il ne l’est alors autant se lâcher ! Et même avec un peu de chance on finira bien par se faire fuir tout seul.
Le sport se pratique en chambre mais seul, en position fœtale on se tourne violemment du côté droit au côté gauche puis du gauche vers le droit. Parfois le néo-solo pratique un peu de boxe sur l’oreiller pour détendre ses articulations.
La parure vestimentaire quant à elle est précaire : caleçon hebdomadaire pour les garçons, jogging de ses 15 ans pour les filles.

Etape 2 : La conjuration du sort

Une fois que les yeux sont dégonflés et que l’on peut percevoir des images et récupérer une ouie sans s’entendre hurler son nom , nous entrons dans une phase d’exorcisme.
Assis par terre, le psychopote écoute en boucle LA chanson de LA rencontre et on hurle à la mort…
– « wiz O’ wizaoooooouuuuuuuttt youuuuhouu ouh ouh snif »
Changement de playlist : on passe toutes celles qui rendent dépressifs les plus optimistes.
Passage en revue des photos, films romantiques, livres à l’eau de rose et toutes les saintes reliques que l’on sent, triture, frotte comme si c’était la lampe magique pour faire revenir l’unique.

Dernière étape : « je t’aimerde »

Un fois les « masostases » généralisées, il est impossible de chuter plus bas qu’on ne l’est. Le néo-solo remonte à la surface et même parfois trop haut et prend le contre-pied total pour combattre la fatalité. Parfois, il va même trop loin et se perd en chemin.
Puisque c’est un salaud on va le battre sur son propre terrain.
« Je vais être tellement canon, belle, forte, puissante, populaire qu’il va regretter de m’avoir foutu de côté. »
Changement de posture, une fois que l’on tout détruit, on reconstruit en dur. C’est le déni de détresse.

Drame vécu (certes j’avais 19 ans)


4 Commentaires

  1. j’aime bien cette propension à écrire du triste avec humour. Quant on fait ça, on est pas loin de la phase 4.

    1. Et c’est quoi cette phase 4 ? (j’ai tellement l’habitude des trilogies) 🙂

  2. bon elle est tout de même un peu dégueulasse cette photo de la mouche.
    j’ai crû que c’était M. Jackson au premier coup d’oeil ^^

  3. Une personne seul et heureuse de l’être. Si, si, ça existe !

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