Les Calembouristes Anonymes de France

Ou comment se remettre sur de bons rails quand on se fait plusieurs traits d’esprit par jour et qu’on en a sa dose…



 

Bonjour ! Entre donc mon ami, et installe-toi à ta guise.
…oh, en fait non : reste debout tiens, ça tombe bien. Allez, allez hop hop hop ! On se présente.

 

Diantre, mais quelle heure éthyle ?…waouh, quand même !
Bon, excusez si je suis à la bourre, mais comme je suis pas de vin, j’ai vous ai trouvé un peu au pif après avoir longuement divagué dans le secteur tel un bateau ivre.
Faut dire que j’ai pas franchement le compas dans l’œil – ça crève les yeux non ?

 

…trêve de fariboles : on t’écoute. C’est que le conteur tourne ici.

 

Ah mais attendez ! – comment vouliez-vous que je de vinasse où ce fût, entre tous ces bouchons et autres embouteillages ? En outre, je ne voulais pas courir le risque de faire des tonneaux, vous comprenez…conduire ou déboires, fallait choisir ! J’ai l’essence civique moi monsieur !
Et puis minute, votre local paumé là, autant chercher une grande et une petite aiguille dans une botte de foin ! Alors z’allez pas me chier une pendule sous prétexte que je ne suis pas à l’heure.
Si ? Hého, on n’est plus en Seconde à ce que je sache…

M’enfin bon… bien le bonjour à tous ! Je m’appelle Herbert…

 

BONJOUR HERBEEEERRRRRT !!!  [ Clap, clap, clap ]

 

Que vous dire, que vous dire ?…
Déjà, que je me considère comme un garçon très attachant qui compte bien s’accrocher.
Euh…que j’ai aussi pas mal de cordes sensibles. Tenez, par exemple : je suis fou à lier de Liane Foly. Voilà, voilà…

 

Tu nous en vois ravis. Mais sinon ?

 

Bah, depuis peu, je suis devenu Maître-queux – certes à la force du poignet et malgré des profs qui avaient une fâcheuse tendance à menotter. Ma parole, de véritables têtes de nœud !
Enfin tout ça maintenant, c’est du passé. Un passé pas si simple avec lequel j’ai composé jusqu’à présent. Et le moins que l’on puisse dire c’est que j’ai pris mon temps pour être plus-que-parfait ! D’ailleurs, à titre indicatif, sachez que c’était pour moi impératif.
C’est qu’on ne trouve pas sa voie à tous les coins de rue voyez-vous. Je ne voulais absolument pas faire fausse route, et transformer ainsi ma vie en une piteuse comédie de boulevard menant à une impasse.

Seulement voilà : il y a une ombre au tableau – et non des moindres ! – je ne peux absolument plus me voir en peinture. Moi et ma petite vie de cadre avec laquelle je gagne ma croûte.
Comme je vous l’ai dit, j’essaye de m’accrocher quoi.

 

…hum, hum… un instant je vous prie, je cherche mes maux…

Disons, en un mot comme encens, que ma pathologie me brûle et me consume. Oui, je désire ardemment mettre un terme à tous ces calembours incessants, arrêter de faire l’épître ou le vaseux communicant. Parce que je vous jure que les gens n’y vont pas avec le dos de la cuillère pour peu qu’ils vous trouvent louche. Regardons les choses en face, là, j’en ai vraiment plein le cul.
Moi je dis toujours : si un alcoolique est vert quand son verre de rouge est vide, bien pour le calembouriste, c’est pareil. Ses vices et versa. Il voit rouge quand il vit de vers vains. Vous me captez toujours ? Oui ? Non ? Ne se prononce pas ?

 

Bref…

A un moment j’ai donc cherché à utiliser cette tare pour faire pencher la balance et me rapporter un peu de pèse. J’ai même été à un cheveu de bosser chez le père Ruquier, dans son fameux gang des pastiches. Sauf que là-bas, c’est connu, on n’est pas coaché ! Et c’est un tort.
Car à la télé, il faut suivre la mode non ?
Et pour la suivre, bah faut bien faire des courses non ?…
Mazette ! Des courses ! M’avez bien regardé ?…moi qui suis pas sportif pour un sou !
Enfin soit. A force de m’économiser, je me dis que finirais peut-être par être rentable…

 

Ah, mais c’est que c’est pas mal du tout pour un début ! Bravo !
Zou, on embraye : et je vous demande maintenant toute votre attention, car le prochain témoignage va être capitale pour réussir votre Paris. A toi !

 

Flumffeyjafjallajökullpflimlin…

 

…POUCE !
Hey ! – si tu pouvais ne pas parler dans ta barbe ! MERCI BIEN.

C’est que c’est juste un poil rasoir pour nous qui sommes parfois un peu mou du bulbe.

 

Okay, okay…
Donc bonjour : on m’appelle Haled.

 

BONJOUR HALED !!!  [ Clap, clap,clap ]

 

Super, je vois que la salle suinte la motivation. C’est bon ça !
Mais les petits gars, rien ne sert de crier “Haled” : faut agir RIGHT NOW.
Et pas qu’un chouïa, moi je vous le dis.
Parce que si j’ai souhaité être parmi vous ce soir, c’est loin d’être pour me bâfrer d’amuse-gueules fadasses à peine décongelés et de cet infâme mousseux premier prix.
Non, non et non. C’est pour que vous preniez conscience de votre putain de déchéance. Point.

OUI, je suis un ex-calembouriste. Et alors ? Je dirais même plus : aujourd’hui votre état me débecte.

 

…oOhOhooooHOOooooo…

 

Je vais vous la faire courte : moi, mes parents m’ont mis dans le bain dès que la mère a perdu les eaux. Bim ! – quelques jours à peine, alors que je n’étais encore qu’un vague tube digestif baveux, et ils me berçaient déjà sur du Bobby Lapointe non-stop.
Véridique.
Et mon tout premier doudou par exemple, bah ils l’ont baptisé “Janroukasse”, c’est vous dire l’étendue du désastre. Vous voulez pire ? Y’a qu’a demander ! Genre à la maison, on a jamais eu la télé. Enfin je veux dire, pas les chaînes hertziennes quoi. Juste un vieux poste pourri, un magnéto de récup’ et roule : l’intégrale VHS de Raymond Devos en boucle. EN BOUCLE ! Je vous laisse imaginer l’impact sur la psyché en construction du chiard que j’étais. Une boucherie sans nom. Un froissage de cerveau façon électrochocs.
En plus pour mon malheur, je suis fils unique. Et eux ils étaient pas pauvres, oh non, indigents plutôt. Miséreux.
Alors pour ce qui est des jouets, fallait repasser hein. Pour toute babiole ludique, j’avais un amoncellement monstrueux de vieux “Canard Enchaîné” avec lequel je me constituai de pauvres pantins en carton-pâte. Voyez un peu le topo ?
Donc j’ai tout le temps joué avec les mots, rien qu’avec les mots, seul, dans mon coin. Voilà.
C’était mon univers imaginaire et foutrement maladif. Ma perdition.
Jusqu’à ce qu’un jour je découvre un nouveau jeu. Un jeu fantastique. Celui du docteur.
Je vous fais pas un dessin ?

 

HIHIHI, UN DES SEINS !!!

 

VOS GUEULES les tarés ! Vous parlez de mon âme soeur là – que dis-je – de ma planche de salut bordel ! Oh mon dieu, si vous la connaissiez : elle est superbe, quasi parfaite, un vrai bijou… si elle n’était pas si exceptionnelle, je vous souhaiterais à tous d’en trouver une comme elle. Sérieusement.

…une fille tellement dénuée d’humour, triste, mais d’un triste, terne au possible, et surtout parfaitement illettrée ! Le nirvana les potos.
Et avec pour le coup, une haine quasi-pathologique des calembours : c’est bien simple, elle les vomit. Alors pour prendre les devants et la garder, j’ai fini par me décider : j’allais me faire suivre pour qu’elle arrête de rendre.

C’est ainsi que par amour, je consultai le docteur des mots de têtes incurables, une éminence grise et tout aussi morne que mon ennuyeuse dulcinée.
LA pointure en matière de trépanation drolatique.
J’eus tout de go un fol espoir. Sauf qu’à écouter la soit disante sommité scientifique, fallait que je sois patient. Et puis quoi encore ? Ça urgeait là. Ni une ni deux, je repartais fissa dans mes pénates, la queue basse et le moral en berne.

 

L’histoire aurait pu s’en arrêter là et ma perte s’en trouver précipitée. Mais mon austère épousée ne s’avoua pas vaincue : il fallait à ses dires soigner le mal par le mal. Pousser au paroxysme mon vice pour m’en dégoûter ad vitam aeternam. Comme l’on arrête de fumer en se forçant à une overdose nicotinique, en se grillant des Gitanes Maïs à raison de 40 par jour, avec tabac à chiquer et patch en simultané. La nausée. Comme on se coupe l’appétit et toute envie gourmande, en se gavant de victuailles à s’en faire péter la panse, l’oesophage, et tout la machinerie à l’intérieur. De quoi se faire de la bile en somme…

Et l’on trouva. Oui, l’on trouva une méthode barbare, violente, un soin extrême comportant autant de dangers affolants que de perspectives de guérison. Un remède par trop plein de calembours et autres mots d’esprit répugnants. Quelques jours à subir – matin, midi et soir – cette posologie ignominieuse, lardées de blagues potaches, contrepets, j’en passe et des plus hard, que déjà l’envie de me plonger dans la lecture morose des mémoires de Valery-Giscard D’Estaing me taraudait. J’étais sur la bonne voie.
Un mois plus tard, ce fût la rémission totale. Cette médication m’avait sauvé, ni plus, ni moins. Et jamais plus je n’eus l’envie de triturer un mot, une phrase, pour en faire sortir une quelconque acrostiche, anagramme, boutade ou autre connerie du style. J’allais connaître enfin le repos de l’âme. La fin de mes turpitudes les plus crasses.

 

On y est : ceci est ma modeste contribution à votre prompt rétablissement.

Mes biens chers frères de souffrance, pauvres gueux de la fantaisie oiseuse, voici ma sainte trinité contre les aphorismes débilitants, celle qui vous en écoeurera à tout jamais, comme elle l’a divinement fait pour moi il y a 6 ans. Et ouais, 6 ans d’abstinence les mecs, presque 7 ! Le chiffre de Dieu. Un sacré miracle !

Alors ayez la foi mes frères, voici ici ma “Calembourothérapie” pour les sains d’esprit.

 

…AMÈNE !!!

 

Vous qui en avez marre de vivre dans le pêché, il faut maintenant vous dépêcher !
Bon vent et allez en pets ! Arghhhhhh….non…oooOOH NON !!!

LANDEYves & Inzecity

 

 

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10 Commentaires

  1. Je reste bouche bée : vous êtes malades de la tête aux pieds, vous auriez bien besoin d’un coup de main, qu’un médessein (et Paul son assistant) se passe de l’huile de coude et jette un oeil sous votre crâne surchauffé, ou je ne sais quoi encore (aux pieds). Avec quelques aiguilles bien plantées, ça devrait sentir le sapin pour votre calembouropathie ! Courage, on a foie en vous !

    1. Toubib or not toubib… That’s the question… Merci de ton soutien 🙂

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    […] This post was mentioned on Twitter by missinzecity and Michaël Rochoy, megaconnard. megaconnard said: ca vole haut RT @Inzecity co-billet pathos logique avec @Landeyves http://bit.ly/cwarCh (blog post) […]

  3. T’chao,

    Il a raison vous êtes de grands malades ! Je ne suis point z’ici pour vous passer de la peau made in cale en bourre la reine mais il y a des bons : VOUS et des moins bons… Moi…
    Cela fait du bien de savoir que même des gens seins d’esprits arrivent à délirer sans forcer sur des substances noce Yves.
    Je suis votre premier faon ! Même mon pote Coluche hutte aimé vous lire. Il m’a dit vous avoir abonné au twitter d’où il haie mais les cales lent bourre le sont… Lent pour arriver la haut, au panthéon de l’humour…
    Encore, encore disait l’enfant devant sa tête in the city !

    1. Ca c’est un sacré compliment ! Si Coluche avait eu Twitter on serait plus d’un à l’avoir dans le flux ! Merci 🙂

  4. J’ai failli me faire dessus. Et je ne vous félicite pas ! 🙂
    Vous êtes terribles… <3

    1. Tant qu’on ne t’a pas fait rendre ! Merci 🙂

  5. Mais c’est quoi ces trucs, les cales Hambourg?
    Assis,
    Mai, à force de me soit niais, j’avais ou Blier.
    A laid, on se soigne.

    😉

    1. Quel Honneur tu nous fais Pierre ! Un mot de toi et voilà que les mots me manquent (déjà). Tu es ici chez toi.

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