Mon culte dans ta commode

–       Bonjour Mon Tapir en Sucre !

–       Hello Lapin câlin ?

–       Huuuuu. Eurgh.

–       Euh… ça va ?

–       Oui oui ça va TRÈS BIEN… mais… excuse moi un instant, je reviens.

……..

–       Cétait quoi ce bruit de désengorgement ? J’ai l’impression que j’ai encore des problèmes de canalisation… je suis confus, c’est barbant.

–       Oui ! TOUT À FAIT ! C’est ça ! Très curieux ce bruit…

–       Bon je vais aller voir.

–       NON !!!! N’entre (surtout) pas !

–       Ma Beauté parfaite, ne t’inquiète pas. Ce ne sont que de vulgaires WC. Je devrais pouvoir gérer.

–       NON !!! Laisse-moi y aller. J’ai eu un ancêtre plombier.

 

 

Ahhh l’amour et ses petites images d’Épinal.

Belle : créature féérique et gracieuse, une douce brise parfumée caressant ses cheveux d’ange, muse de sensualité qui aurait pu prendre la pose dans les clichés de David Hamilton, douce égérie du sexe, de la timidité et de l’intimité révélée…

 

Prince : muscles luisants et regard électrisant chargé de désir, le pas sûr (surtout au ralenti), un corps d’athlète peu banal qui n’a rien à envier aux dieux du stade anal.

Réverbère napoléonien, deux bouches fraîches et charnues s’unissent en clair-obscur au cœur du quartier latin. So romantic. L’homme idéale rencontre la femme parfaite.

 

Mouais.

 

Super, ça roulotte entre les deux, leurs histoires se lient, ça sent le week-end à Rome.

Ils marchent dans des rues désertées, cheveux au vent et main dans la main, ils rient.

Cupidon a pris possession de leurs cœurs enflammés. Ils apprennent à se découvrir, à moitié nus, chevauchant des étalons à faire rager un Jockey 0 pur sang, galopant à corps perdus sur une plage de Californie (j’ai toujours été nulle en géographie), roulant sur le sable brûlant sans péter l’émail de leurs dents… puis ils font l’amour comme des dieux dans la moiteur d’une chambre vénitienne, lovés l’un contre l’autre, leurs lèvres fiévreuses d’envie dans ce lit King size idéal pour accueillir deux corps parfaits jouant chaque accord de l’amour à l’unisson, parcourant de leur langue expertes leurs peaux hâlées et humides d’une sueur inodore et délicieuse, les courbes de leurs reins sublimés par les rais d’une lune pénétrant clandestinement au travers de persiennes de bois précieux. Magie. Délice. Mon cul sur la commode.

 

Voilà.

 

Sauf que dans la vraie vie…

Super, ça roulotte entre les deux, leurs histoires se lient, ça sent le week-end à Berck plage.

Ils marchent dans des rues bondées de touristes paralysés, cheveux mêlés au vent glacial d’un soir d’été dans le nord de la France, main dans la main pour ne pas tomber. Foutues tongs, quelle idée de les avoir acheter sur le marché.

 

La soupe de poisson a pris possession de leurs intestins déjà enflammés par une turista régionale. Y’a pas mieux pour apprendre à se découvrir enfiévrés, chevauchant le WC bouché dans un motel de quartier à 80€ la nuitée.

Ils connaissent désormais leur côté obscur de la farce… Une gastro est si vite arrivée.

 

Le Smecta avalé, ils font l’amour comme ils peuvent dans la fraîcheur d’une chambre trop climatisée, lovés l’un contre l’autre pour ne pas mourir de froid dans un lit jumeaux, leurs lèvres gercés tentant de s’unir maladroitement à cause de ce foutu torticolis choppé pendant la balade en petit train en début de matinée.

Leurs corps imparfaits tentent de se retrouver pour jouer au moins une note de l’unique partition de christophe Maé, parcourant de leur langue chargée leurs peaux brûlées et humides d’une sueur imprégnée de la soupe de poissons boucanés, fermant les yeux pour ne pas contempler les courbes vallonnées de leurs reins engraissés révélés par les rais d’une lune pénétrant au travers d’un vasistas en PVC. Concret. Supplice.

 

 

Le culte, c’est bien commode.

Belle verse toutes les lames de son corps en vivant son romantisme par procuration en allumant la télévision, prostrée devant un téléfilm d’M6, chaîne commerciale du romantisme à deux balles.

Pour Prince c’est différent. Il ne se met à pleurer qu’en regardant en secret le film de cul de C-anal plus, « p’tain ça fait chier que ce soit en crypté » !

 

 

2 Commentaires

  1. I’m fan *_*

    Je suis quand même obligé de démentir (j’habite à 30 minutes de Berck), à 80€ la nuit, c’est déjà un très beau motel ! 😀

    /me aime les samedis matin maintenant.

    1. Zut ! Semblerait que j’ai quelque peu exagéré alors ! 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *