Rez-de-chaussée et autres plaisirs minuscules

L’inconvénient lorsque l’on vit en RDC à Paris, dans une petite ruelle discrète, c’est que vos appuis de fenêtres sont souvent des espaces détente.

Cette nuit, dans ma douce torpeur, des voix viennent parasiter mes rêves les plus fous.

« P’tain !! Ouaich ! j’y marave sa face à c’t’espèce de fils de pute, bâtard ! »

Bizarre ce rêve… Pas possible que cela soit dedans, ça ne colle pas ;)… Je me lève et je me bouscule, je me réveille mal, comme d’habitude.

Il est 2h30 du matin… un pied hors du lit (pas le bon), je m’extirpe et entreprends de me diriger vers la fenêtre annexée. Après 2 orteils potentiellement fracturés, un genou tuméfié et constatant par la force des choses que je ne suis définitivement pas nyctalope, je parviens à rejoindre ma fenêtre que j’ouvre tant bien que mal.

4 visages dont 3 encapuchonnés me fixent, enfin essayent de trouver un point de mire aux alentours de ma tête froissée car visiblement, ils ont l’air défoncé. Langue collée au palais, je tente d’entrer en communication… « euuuuuh……………. »

Visiblement je les ai dérangés… ou peut-être leur ai-je fais peur (je les comprends) « Faut pas appeler la Police mamoiselle !!!! »

Je fixe sa capuche et je me dis « mais qu’est-ce qu’il a ce crétin ? Il me prend pour une collabo ou quoi ? Pourquoi j’appellerais la police ? On peut se parler non ? »

Je ne dis rien, je cherche mes mots pour lui faire comprendre que ma fenêtre n’est pas un hygiaphone, ni un comptoir de bar et encore moins un coffee shop. Ca ne sort pas. Je fixe toujours sa capuche et me dis que c’est peut-être le fils caché de Dark Vador auquel cas, j’ai pitié.

Ses autres potes réagissent mollement, probablement défoncés au crack. « Ouaich, on s’arrache gros, ok on y va »… Je suis scotchée ! Je n’ai pas ouvert la bouche hormis pour émettre un borborygme sourd et ils ont tout compris ! Ils partent en hurlant que c’est le 16ème ici (pour l’anecdote, je suis plus près de Pigalle et des « messieurs-dames » que du 16e et des bichons maltais).

Je referme ma fenêtre. Je souris car cela me rappelle le mec de l’été dernier qui était en train de prendre en levrette sa copine hullulant la tête encastrée dans ma fenêtre. Il me regardait désespéré, futal sur les talons, bite dans madame. Pas très sexy comme « vis-à-vis ». D’un geste de la main, les 2 doigts en V, il m’implorait de lui donner 2 minutes…

« 2 minutes !!! Quelle insulte pour « madame » ! »

Je ne sais pas s’il a pu finir son œuvre. Quelques mois plus tard, j’ai appris que mon immeuble avait été un bordel réputé de Montmartre. Je crois que les pierres gardent une certaine mémoire de leur histoire.

Bref, tout ça pour dire que j’ai peut-être un super pouvoir ! La nuit, le cheveux hirsute et la marque de l’oreiller en balafre, je suis capable de faire fuir des hordes de squatteurs hurleurs ! Il faut que je me trouve un nom.

5 Commentaires

  1. huhu, je compatis ! c vrai que pour cela le rez de chaussée, ce n’est pas terrible

  2. Ton article est trop drôle je suis mdr devant mon écran au taf…je me crois trop visuelle et imaginant la scène suis explosée!

    1. hihihihi je crois que je leur ai fais vraiment très peur ! Ils ne sont jamais revenus 😀 Je dois vraiment être affreuse à 2h du mat !

  3. Un régal !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *