– Guy-Hubert et moi on va se marier !!!! Gniiiii
– Ah ? Bah toutes mes félicitations dis donc ! C’est prévu pour quand ?
– Dans un an.
– Merde, ils n’ont pas encore imprimé les agendas de l’année prochaine. Mais je me fais un pense-bête pour ne pas oublier de me le noter. Ça se biodégradabilise au bout de combien de temps un post-it ?
– Chais pas. Bon, et pour ta robe, le thème c’est « rose peurlé »
– Hein ?
– Oui, toutes les filles devront avoir une robe rose peurlééé comme la rosée du matin sur un rosier génétiquement modifié, tu vois ? Pour faire simple tu peux choisir une satinette mais de bonne manufacture bien sûr. C’est un mariage sur le thème princier : Middleton-William mais en remasterisé.
– C’est une blague ? Tu me fais marcher ? Tu veux me faire croire que je vais devoir me meringuer et subir, alcoolisée, toutes les animations des beaufs congénitaux avinés dans une robe rose peurlé…
– C’est important, c’est une idée de belle-maman pour l’harmonie de la déco. Ce sera plus joli sur les photos. Avec un peu de chance, on se retrouve en bonne place dans la vitrine du photographe.
– Ça fait rêver.
– Et n’oublie pas de te prendre un chapeau et des chaussures plates parce que pour le DJ j’ai pensé à Maurice, le mixeur de père en fils. Il a déjà prévu une chenille.
– Je vais rendre
– Ah tiens, en parlant de vomir, tu me fais penser qu’il me reste à revoir le plan de table mais j’ai le cul entre 2 chaises, je pensais te mettre à la table des célibataires parce qu’on donne les bonnes tables en priorité aux gens mariés, t’en pense quoi ? Ça te va ? Ah et pour démarrer la soirée, il faut absolument que tu m’envoies par mail une longue lettre parlant de moi, de notre rencontre amicale, de toutes mes qualités, à quel point tu es heureuse pour moi et à quel point mon union avec Guy-Hub s’impose à l’esprit. On va faire un power point qu’on la fera défiler toute la soirée sur un écran géant. Ah et j’oubliais, faut que tu écrives une chanson à partir du thème de « Titanic ». Tu la chanteras juste après le hors-d’œuvre quand tout le monde commence à tituber. C’est LOL. Rémy filmera et balancera la vidéo sur Youtube. Avec un peu de bol, on pourra buzzer avant notre voyage de noces.
– Voilà voilà.
– T’as une idée de ce que tu veux faire pour enterrer ma vie de jeune fille ?
– Suicide ou meurtre ? Dans les 2 cas, j’ai un mobile.
A écouter pendant la lecture de ce billet : DJ
Parade nuptiale
Allez, entre-nous, sur les 300 convives qui balancent ces sacs de riz qui nourriraient des familles de biafrais pendant une année, combien sont sincères et spontanés ? Si les futurs conjoints étaient en civil, qui les reconnaîtraient ? On peut aisément estimé que seul 1/3 des invités connaît réellement les mariés, et seul 5% sait que Bernadette est allergique aux choux de Bruxelles et que Bobby s’est fait plaqué par Pamela 2 ans plus tôt à cause d’une rupture du frein.
Les préparatifs
Avant de sceller l’union de manière officielle devant Monsieur Le maire qui fait du mariage intensif, il y a les préparatifs, sorte de test de motivation qui prépare les mariés à vivre le pire avant le meilleur.
C’est une épreuve telle que même les plus grands diplomates deviennent fureurs.
Pour les plus grands mariages (les plus aisés mais les plus difficiles) les couples s’y prennent 1 an à l’avance en espérant qu’il n’y ait pas de trous dans le plan de table des personnes du 3e âge. Enfin, quand je dis couples, ce n’est pas tout à fait exact, c’est mademoiselle « madame en devenir » qui s’y colle sans doute parce qu’il convient de crier « vive LA mariée », l’époux pouvant aller se brosser…
Juste après avoir épluché de manière compulsive tous les sites par le menu et autres catalogues de meringues, les futurs épousaillés réfléchiront à leur liste de mariage. Mais nous aborderons ce sujet un plus tard car il mérite un paragraphe dédié.
La demande de mariage faite, il convient de prévenir les beaux-parents respectifs (si le lipdub chorégraphié n’est déjà fait et posté sur Youtube pour la postérité). C’est là que ça se complique.
Concessions à perpétuité
Les belles-mères se livrent une guerre sans merci : à celle qui aura le plus grand chapeau, invitera le plus de monde (de l’arrière-cousine que personne ne connaît parce qu’elle s’est s’installée dans une yourte au fin fond du Guatemala, à la voisine de lotissement n°9 de Berck plage où elle a passé ces 2 semaines fabuleuses en thalasso en mai 1978 juste avant l’invasion de puces d’eau).
Une fois les invitations expédiées à toutes les copines du quartier, elles ne manqueront pas de mettre leur nez dans l’organisation des festivités car après tout, marier son enfant, c’est quand même l’opportunité d’améliorer le mariage princier qu’elles ont toujours jalousé.
Convention obsèques
Les amis très proches (ou non) sont désignés pour organiser des enterrements qui consistent dans bien des cas à une succession d’humiliations physique et psychologique comme :
– déambuler dans les artères majeures de sa ville affublé d’une tenue SM avec marqué dans le dos : « Born to fuck but… pas aujourd’hui j’ai mariage. »
– de demander des préservatifs ou autres présents d’infortunes aux badauds dépités qui prient que le mariage ne leur arrive jamais
– d’assister en spectateur passif à ce que future madame ne fera jamais pour cause scoliose scolaire à savoir : un lap dance d’une créature mamelue option grand écart facial dans baudrier en cuir clouté.
Mademoiselle quant à elle aura la chance inouïe de se pavaner habillée en poupon dégénéré avec un soutien-gorge comme seul attribut de sa féminité et sera vivement invitée forcée à embrasser les vieux du quartier contre de la menue monnaie. À côté, même les bizutages en fac de médecine paraissent niais.
Cortège et dépendance
Dans la foulée, le reste des « convives » est informé qu’il va devoir poser 3 jours de congés sans solde parce que l’union aura lieu dans le bourg de la mariée située au fin fond du Larzac à 275 Kms d’une gare accessible à dos d’âne par temps sec. Sur le plan, il est indiqué de prévoir un rapatriement par hélitroyage. Vous n’êtes pas motorisé ? Qu’à cela ne tienne, le co-voiturage est prévu (à condition de respecter la feuille de route du Papy Russe s’il n’a pas bu).
List-fucking
La liste de mariage est donc érigée tel un monument au morts sur la tombe de l’illustre inconnu au bataillon, une longue liste d’objets aussi précieux qu’inutiles ou de destinations de voyages qui nécessiteraient d’endetter 300 personnes sur 3 générations. Voilà la raison pour laquelle le duo de bols sérigraphié LOVE & YOU pour petit-déjeuner, le plateau à fromage avec manche en mi-patte de biche empaillée ou le cendrier en Cristal Dark (seuls les geeks trouveront le jeu de mots) toujours déposés anonymement dans le panier des mariés. C’est l’attention qui compte et puis merde, quand on s’aime on vit d’amour et d’eau fraîche. Ça coule de source.
Je vous épargne le jour du mariage
– les regards suspicieux de l’audience sur le Père Mettez,
– la critique de la robe de mariée (elle a grossi non ? Et dire que c’est à sa mère qu’elle va ressembler…)
– le tonton flingué au 3e pichet qui reluque le sexe opposé affichant un rictus libidineux qui ferait flipper l’arrière-grand-mère édentée
– la tata murgée qui ne peut s’empêcher de chanter des chansons avariés à tue-tête jambes écartées sur une chaise au bord de la rupture face à un parterre de spectateurs consternés,
– la cousine de 20 ans l’aînée, qui va faire la gueule toute la soirée d’avoir foiré la réception du bouquet,
– les cousins en train de se peloter et d’assurer une future consanguinité,
– les copains qui fument du shit dans le jardin et jurent de ne jamais se marier
– les mariés tellement sonnés et endoloris par les embrassades par milliers, vacillants entre crèmes riches et barbes sèches, aveuglés et kidnappés par les habitués des mariages incollables au jeu du bouchon, de la carotte, du pot de chambre, de la chaise musicale, de la danse du tapis, de la peau de renard et du balancé de micro au karaoké…
Nous ne sommes pas tous à la noce dans les mariages surtout dans ceux où l’union fait la farce. Entre-nous, dans certains cas, il y a même de quoi mettre les voiles.
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Félicitations hein, tu te retrouves de quel côté ? En robe vieux rose ou bien en robe blanche ? 😉
Je me suis bien marré… Heureusement que tous les mariages ne sont pas comme ça… Quoique… http://youtu.be/sybMkRi19Cs
A bon lecteur, au revoir 😀
Ni l’une ni l’autre (ouf)
A bientôt 🙂
Moi qui voulais te proposer de m’épouser. Arf.
Merci d’égayer mes journées au bureau.
C’est toi qui m’égaye ! (je vois que ça bosse dur en Belgique une fois :p)
J’adore, j’adhère. Merci !
Merci à toi d’être passée par ici 🙂
Très joli résumé : j’aime beaucoup le thème rose peurlé. Je crois que je vais faire ma prochaine fête autour.
Succès garanti ! Le rose peurlé traverse les âges sans prendre une ride (Sissi n’aurait jamais réussi sans le rose peurlé)
Je suis venue sur ton blog sur les conseils d’un ami, et je ne le regrette pas!
« Les amis très proches (ou non) sont désignés pour organiser des enterrements qui consistent dans bien des cas à une succession d’humiliations physique et psychologique comme :
– déambuler dans les artères majeures de sa ville affublé d’une tenue SM avec marqué dans le dos : « Born to fuck but… pas aujourd’hui j’ai mariage. »
– de demander des préservatifs ou autres présents d’infortunes aux badauds dépités qui prient que le mariage ne leur arrive jamais »
J’adore. J’ai déjà noté autour de moi que souvent, celles qui organisent ce genre de truc y sont passées avant. Il doit y avoir une histoire de vengeance et d’aigreur dans cette affaire, du style « j’y suis passée, à tour tour, niark niark niark ». Et je rajouterai le supplice pour celles qui vont à ce type de sauteries uniquement par politesse que subir les « moi, lors de mon enterrement de vie de jf…. », « ah ben lors du mien… » puis le fatidique « bientôt ton tour! ». Non, ca ne va pas être possible.
C’est fort possible ! Brrrr ça fait froid dans le dos ! 🙂
Bienvenue Laurence !