Dans la série… Ma 1ère plongée sous-marine

Episode 1

Je me jette à l’eau

Avant toute chose, il faut que je vous précise que le sport ne m’aime pas… enfin plus.

3 ans de basket (plus proche des baskets que du panier), 1 an de volley (avec pour spécialité, le smash avec visage), 5 ans de gym (stoppée par un cheval d’arçon avant les compétitions)… Quant à la natation, j’ai mon « étoile de mer » en piscine. Je suis comme un poisson dans l’eau bien qu’il est toujours possible que je me noie, ventousée au fond de la piscine dans mon petit pull marine. Bref, je me sens plus proche de l’attèle que de l’athlète !

Je sais que je suis un animal terrestre. Je préfère l’altitude aux profondeurs. Je suis convaincue qu’il y a de très jolis poissons et de superbes coraux au fond des océans mais il faut que je l’avoue, même si cela va probablement vous décevoir, je ne suis pas la femme de l’Atlantide et me mettre dans l’eau au milieu de la faune et de la flore marine pourrait avoir un impact dramatique sur l’éco-système ! A moi seule, je peux détruire (d’un coup de palme mal placé) toute une barrière de corail. Les baleines à bosses ? C’est moi ! Jusque–là, le snorkeling me convenait très bien… petit nageuse mécanique remontée à bloc, je longe les plages à 2 mètre du bord en creusant des tranchées à eau tempérée pour les enfants et les vieux « rhumatismeux ». Mais je ne suis pas bornée.

Toute mon enfance j’ai entendu, « goûte avant de dire que tu n’aimes pas ! » alors, j’ai testé « LA PLONGEE SOUS-MARINE !

Hop hop hop, je me jette à l’eau en Corse (destination choisie pour pouvoir rejoindre la France à la nage) !

Inscription dans une petite cahutte en véritable bois d’arbre, stickers « I love Bob Marley », coquillages peints avec la bouche, galets et crustacés en plastique, des bouteilles, des palmes… ok, j’y suis…

« Saluuut ! Moi c’est Natashaska (oui, il faut un prénom original sinon tu peux pas faire tenancière de club de plongée). Tu veux faire quoi ?» (Nager bouffonne, me barrer, savonner tes coquillages…)

« Euh… bah, de la plongée ??? »

« Ah ok… je vois… t’as quel niveau ? » (Merde… elle me colle la pression la Rastasha »)…

« Ca te va si je te dis moins 10 ? » (lol, MDR, elle va kiffer mon humour de surfeuse et donc, elle va me chouchouter grave sa maman, non ?)

« Quoi ? » (bon, elle a pas compris… flop)

« Euh, bah, un baptême, non pass’que c’est la première fois, j’veux dire… » (contemplation du bout de mes tongs, flute, j’ai niqué mon vernis).

Face à elle, je suis hyper relax, détendue du string de bain, trop zen… A l’intérieur, c’est le chao ! Je me sens humiliée par cette créature issue des bas fonds Lovecraftiens.

« Ca fait 65 €, rendez-vous mercredi. Bonne journée ! »

Episode 2

« J’entends le chant de la petite sirène des pompiers »

Mercredi, j’y suis. Petit déj léger histoire de ne pas vomir dans le détendeur, j’enfile une combinaison de plongée qui a été portée par 300 000 personnes avec une très forte probabilité que dans le lot il y ait eu quelques incontinents urinaires. On m’indique qu’on va me donner les rudiments de la plongée sous-marine, qu’on ne descendra pas trop profond (10 mètres) parce que c’est un baptême… Ok, mais c’est profond 10 mètres quand même.

« Allez ! Saute dans le Zodiac », « Les baptêmes ? c’est à l’arrière avec les snorkelings ! »

Hummm Je m’installe et mes fesses s’embrasent ! Le zodiac crame depuis des heures sous le soleil… Mais je suis cool, détendue, même pas peur ! Assise inconfortablement, sentant ma combi fondre et mes pieds tripler de volume, je vois s’installer à côté de moi un couple du 5e âge, 2 minis bambinos de 4 ans, une pré-ado et son père… Ils seront mes compagnons d’aventures aquatiques.

Arrive alors ma « monitrice ». Taillée dans la roche, probablement une ex-nageuse Est-Allemande… Je m’imagine que sa combinaison a été conçue avec le caoutchouc tanné d’un zodiac décédé. 4 gestes et c’est bon, t’es prêt à taquiner le poulpe. Si t’as pas compris, tu serviras de nourriture aux poissons.

Le zodiac démarre… Nous partîmes à 20 et nous arrivâmes à 20. Bon score. Petit coin de paradis, près d’un rocher réputé pour concentrer des poissons et les touristes à palmes, mer d’huile (huile de palme ?), c’est parfait pour ce que j’ai. Changement de programme. On nous explique que nous sommes nombreux, que y’a pas assez de masques, qu’il faudra les faire tourner et que par conséquent nous allons devoir faire des roulements. Un jeune gars du Club se charge de parfaire notre équipement et nous jette des ceinture de plombs (outch).

Forcément, je suis la dernière à passer… Je vois tous mes compagnons quitter le radeau de la méduse. Une heure sur le zodiac, sans eau, cuite à 40° sentant mes cuisses crépiter comme des nuggets dans un bac d’huile…

Le « jeune » se moque allégrement de la pauvre quadra qui se débat au bord du zodiac, ballottée comme une bouée à la dérive, pendant qu’il lui installe son stabilisateur et ses bouteilles.

« Allez la baleine ! On met son détendeur ! » . La petite fille de 4 ans n’assistant pas au spectacle interpelle son père « Où qu’elle est la baleine papa ???? Diiiiis où qu’elle est la baleine » (rire gêné).

Le moment approche… C’est une vraie bénédiction car j’ai perdu un tiers de mon poids… De l’eau ! De l’eau !!! J’installe ma ceinture toute seule comme une grande (l’autre étant occupé à tracter la quadra). Je prends le masque entre mes mains et je constate, horrifiée, qu’un énorme truc gluant et dégueu est collé dedans ! Haut le cœur !!! Je tends l’objet souillé et le mec pense que j’ai déjà glaviotté dedans et le rince… ok. Je fais mon Kho Lanta. Au pis, j’aurais une conjonctivite. « Vas-y, saute ! » Ni une ni deux, la petite sirène qui sommeillait en moi et mes brûlures aux fesses aidant, je passe par dessus bord !

Je regagne péniblement le zodiac et tente de m’accrocher à une lanière qui pendouille. 10 minutes, 15 minutes… mes muscles se tétanisent. Je crois que le jeune « petit con de m*** » m’a zappé ! La mer entre-temps s’est un peu énervée (et je la comprends !) sauf que je sens que je dérive sous le zodiac, palmes les premières ! Soudain, un truc tombe dans l’eau. Ce sont les bouteilles et le type me demande de me mettre sur le ventre, puis sur le dos (et pourquoi pas en crabe tant qu’on y est !). Et je reste accrochée à mon pauvre radeau telle une moule à son rocher… 10 minutes de plus ! Mes muscles se tétanisent. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai mis le détendeur qui ne me détends pas et je pompe l’air (au propre comme au figuré). Humiliation suprême, le mec me voit et me dit « bah, c’est dans l’eau qu’il faut respirer ! ». Je m’entraîne moi, même si ma tête est hors de l’eau ! Tiens ! D’ailleurs mon masque prend l’eau… et je dérive toujours sous le bateau, une cata ! Vu du ciel, le spectacle doit ravir les mouettes rieuses !

Soudain, on me tire vers l’arrière. Je vais mourir ! Un requin a du déceler mon potentiel d’otarie souffreteuse. C’est la grosse monitrice. Je panique ! Elle me regarde et tente de m’entraîner vers les grands fonds (en tout cas, de me mettre la tête sous l’eau). Ca fait une heure que je tire sur la réserve des bouteilles. Je suis claustro… ça me serre ! J’ai un signe d’AIR, moi ! Je veux de l’air ! Respirer ! Foutez-moi la paix ! Je lui fais signe que je veux partir, rentrer à Paris, manger dans un bon resto, que je veux vivre et que je veux profiter du temps présent ! Là, elle me regarde et me dit, « je ne comprends pas ce que vous dites, vous pouvez retirer votre détendeur ? » Je regagne misérablement le bateau, parvient telle une otarie à me hisser à bord sans l’aide de mes jambes et pars me jeter en boule au fond du bateau, vexée par cet échec cuisant. Nous partons. Le 5e âge s’installe à côté de moi. La vieille dame me regarde et me dit « vous savez, y’a de beaux paysages et de belles ballades à faire en Corse. ». Ravalant ma fierté je tente le trait d’humour… « Vous me dites cela parce que j’ai loupé ma plongée ?» (clin d’œil appuyé). Interloquée, la vieille femme me regarde et me demande de répéter… Je ravale ma fierté et range mon trait d’esprit dans mon bikini…

Le papa et sa petite fille s’installent en face de moi. Lui aussi a fait son baptême. Il a adoré d’autant qu’il a eu récemment une trachéotomie et qu’il a réussi à vaincre sa peur panique de l’eau… oh la la… Je me referme comme une huitre et garde mes perles pour moi… je ne desserrerai plus les dents (qui claquent) jusqu’à la terre ferme.

Dernier épisode

Plongée sous-Mesrine !

Je regagne la terre ferme. Si je ne m’étais pas retenue, j’aurais imité le Pape et aurais moi aussi embrassé la terre ferme ! Je me débarrasse de mon carcan. Retrouve mes vêtements et regarde au loin les heureux petits baigneurs savourer les photos de leurs prouesses. Moi, j’en ai pas… et heureusement ! Moi sur le dos, moi accrochée comme une tique au zodiac, moi en panique remorquée par la grosse mono… Rastanatachaka est là pour nous accueillir. Elle a une liasse de diplômes dans les mains et appelle les heureux lauréats. Soudain, mon prénom retentit… Je m’approche et l’entraîne un peu à l’écart.

« Euh, en fait, comment te dire… je n’ai pas vraiment plongé… ».

« Oh, je te donne ton diplôme »

« Non, comme je te l’ai dit, je n’ai pas… j’ai paniqué… je n’ai même pas vu une algue ! »

« Bah c’est pas grave. Ca arrive. Tu prends ton diplôme ».

HUMILIATION !!!! Je vais la mutiler cette peau de hareng ! J’aurais préféré qu’elle ne me donne rien plutôt que de “formaliser officiellement » mon échec, c’est quand même pas la mer à boire !

C’est à cause d’elle si je suis obligée aujourd’hui de m’exorciser en publiant cette douloureuse histoire de plongée en enfer. 🙂

1 Commentaire

  1. T’as pas eu de chance … Il aura fallu que tu tombes sur la caricature du centre de plongée moisi, usine à pognon et pressoir à touriste.

    Ne te décourage pas !!!!!

    Il y a plein de centre très sympas avec des moniteurs complètement consommables (bien qu’un peu trop consommés …) qui assurent des prestations dont la qualité est inversement proportionnelle au tarif pratiqué.

    Un exemple (parmi tant d’autres …) :

    http://www.cip-dramont.com

    Artefax

    P.S. : évite quand même le mois d’aout …

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