Décime-moi un bouton

« Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement.

N’oubliez pas que, jusque-là, je me trouvais à mille bornes de toutes les lésions habitées. Or mon petit bouton ne me semblait ni égaré, ni mort de peur.

Il n’avait en rien l’apparence d’un 2e cerveau pendu au milieu du nez, à mille milles de toutes légions post-acné. Quand je réussis enfin à le palper, je lui dis :
– Mais… qu’est-ce que tu fais là?
Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse:
– S’il te plaît… décime-moi un bouton. »

 

Hommage au Petit Prince

 

 

Le bouton est suicidaire. À peine éclos, palpitant, turgescent et  rougeoyant comme un gyrophare, il nous demande inconsciemment de l’euthanasier pour mettre fin à son inflorescence bubonnesque qu’il sait inéluctable.

Quel chancre ! C’est un choix difficile et ça fait mal car mettre un terme à une pustule c’est quand moins excitant que d’éclater du film à bulles.

Quoique, après mûre réflexion, si.

 

La satisfaction de l’éjaculation cutanée est un fait, surtout à l ‘adolescence où nous vénérons ces chtards du porno que nous aimons éclater, crever, inciser, ouvrir après une grosse rincette de Biactoul.

Mais après un pur moment de délire charnel, satisfait d’avoir laissé son petit comédon autour d’une carte de France de sébum infecté sur le miroir de la salle de bain, la situation dégénère (comme toujours) et les lendemains sont difficiles.

La fistule tuméfiée suinte, longtemps… Ce petit bouton suicidaire, jusque-là inoffensif, revient de l’au-delà parfois quelques heures à peine après avoir passé l’arme à gauche. Tel un zombie dermique, il revient plus fort et plus déterminé à nous pourrir l’existence. Son allure a changé. Pustule dodue a laissé place à un steak tartare décomposé, ravagé, à fleur de peau et encore plus présent que jamais.

Face au miroir, on ne voit plus que lui. Il monopolise toute l’attention aussi nous nous disons qu’il est impossible de balader le nez au vent avec un vieux cadavre qui pend lamentablement. Comment être rassurant lors de cet entretien d’embauche avec un macchabée sur le nez ? C’est aussi la fin de toute forme de sexualité.

Il faut agir et passer à la manière forte.

 

Il existe de nombreuses stratégies pour faire disparaître le corps gras.

Voici quelques exemples de techniques fréquemment employées.

 

La méthode « Fourniret »

On tente de le couler dans le béton. On l’enduit, passe une sous-souche de fond de teint et on attend que le plâtras sèche. Le résultat n’est pas toujours à la hauteur de l’espérance. Le cadavre finit par remonter à la surface laissant autour de lui des cratères et des concrétions de terre glaise.

 

La méthode « Courjeault »

On nie l’existence des chtards et on reste de glace.

 

La méthode « Obama »

On tente le tout pour le tout. On le localise l’ennemi et on lui assène des frappes anti-bactériennes et on le noie dans de l’alcool à 90°. Il n’y a pas photo, le résultat est incertain.

 

La méthode « Dupont de Ligonnès »

Sournoisement on éradique tous les boutons. Dans la boucherie générale, le bouton finit par disparaître.

La guerre des boutons existe depuis la nuit des temps. Certains essayent de sauver leur peau en exterminant. Au final, nous nous apercevons que la manière engendre des dégâts collatéraux, qu’un petit bouton maltraité peut devenir un tyran et avoir votre peau.

 

 

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2 Commentaires

  1. Coucou,

    Ca faisait longtemps que je n’avais pas fait mon maître Cap et Epée 😀

    « Quel chancre ! C’est un choix difficile et ça fait mal car mettre un terme à une pustule c’est quand moins excitant que d’éclater du film à bulles. » ==> c’est quand même moins excitant 🙂

    Merci, je me suis bien marré même si je subis encore ce genre d’attaque boutonneuse 😉 J’ai bien senti le vécu cependant et me sens moins seul :p

    Encore 😀

    1. Mais que fait la peau lisse ? 😉

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