– Elle est vraiment bien cette expo. C’est la première fois que je vois du John Novocaïne en vrai. Je suis émue.
– Quelle expo ?
– Bah celle-ci !
– Tu vas me prendre pour une dingue ou pour quelqu’un qui n’a jamais vu d’ophtalmo pour raison d’atrophie oculaire mais je ne vois rien
– Pauvre de toi, tu passes à côté de la grandiloquence, de sa munificence paroxystique. OK, je veux bien admettre qu’on perçoit aisément le fait qu’il est dipsomane mais tu vois le poteau là-bas ?
– Oui
– A côté, il y a LE très célèbre et inestimable « Réceptacle d’alternance cognitive » ,
– Le tas d’ordures là ?
– T’es dingue ou quoi ? Loin de moi l’idée d’être son thuriféraire panégyriste mais ce je ne peux pas te laisser gâcher ce moment de grâce artistique.
C’est sa toute première installation pierre angulaire de son triptyque inspiré de la mouvance des amphigouristes post-hédonisticisme. Ce n’est pas un simple tas d’ordures, c’est l’excellence de la matière anagogique. Tu vois cette poubelle en faïence immaculée fixée sur le mur en pin brut, et bien c’est l’allégorie de notre monde actuel, il vilipende et fait l’admonestation d’une société prosélytiste qui s’oblige d’être immarcescible. Et si tu ne trouves pas ça limpide, bien que cela soit parfaitement clair à mon sens, tu peux le lire sur la plaque à côté de l’œuvre. L’artiste cauteleux y dénonce la vacuité, la déliquescence sociétale qui crée des foules ploutocrates matérialistes, compulsives et incoercibles en quête perpétuelle d’apocatastase. Ne va pas t’imaginer qu’il est contre le sybarisme, il dénonce tout simplement les satrapes dilatoires qui négligent l’environnement à leur profit personnel et qui nous mènerons probablement à un état de déréliction. C’est un appel t’entends, il nous amène à résipiscence explicité ici par l’intervention du pin brut comme socle de sa composition et qui dénote d’une vraie volonté de mansuétude, d’oblativité et d’espoir.
– Non seulement je ne vois rien mais en plus je n’ai rien compris.
– Normal, dans la bio de son catalogue tu comprendras qu’il est pour l’art du galimatias fuligineux pour combler l’abstrusion de son art indicible. Je l’adooooore ! Voilà pourquoi en le voyant, j’ai une poussée de logorrhée dithyrambique. Pour moi, ça veut dire beaucoup.
Tenter de comprendre des œuvres à la con, c’est tout un Art, tenter de comprendre ceux qui se targuent de les maîtriser, c’est la certitude de voir l’art bête.
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Oooooooooh de diou… Mais euh… Raaaah… J’comprends rien à ton nanard 😉
Ah ben là, oui, j’ai bien l’image. Manque juste la bande son avec les coups de fils aux copines.