– Sincères condoléances. Si jeune… Quelle tragédie.
– Si jeune, si jeune… faut pas pousser mamie dans les orties ! Grand-Tatie avait quand même 92 ans et plus toutes ses dents.
– Pauvre enfant. C’est terrible. Cette peine vous fait dire n’importe quoi… Tout le monde adorait Tati Pet comme on l’appelait.
– Que dalle ouais ! C’était un suppôt de Satan cette vieille taupe. Tatie Pet… sans déconner tout le monde la détestait et craignait les fêtes de fin d’année. Elle était capable de faire tourner une dinde rien qu’en passant à proximité avec son déambulateur chromé. Je suis désolée de vous le dire tout de go mais, en plus d’être conne, Tati Pet fouettait du pot.
Au fait, en parlant de condoléances, vous auriez la définition à me transmettre parce que cela fait une heure que tout le monde m’en parle sans même en connaître la signification ? Ce qui m’inquiète un peu c’est le « doléance » précédé de « con » et j’ai peur que les gens me réclament des trucs…
Le problème dans les cimetières c’est que les gens tirent dess tête d’enterrement c’est pourquoi je n’évoquerais pas la peine que nous ressentons lorsqu’un être cher vient à disparaître mais je vais plutôt brosser le portrait de ceux qui ont des têtes de déterrés.
– Le Mac’Croque-mort
† Condescendance à l’extrême, l’homme cadavérique en costume 3 pièces d’un temps que les plus de 100 ne peuvent que connaître, éponge ses larmes de glycérine en vous vendant une cuisine équipé dans le cercueil de pépé. Satinette, poignées chromées, chant grégorien par Christophe Mae, fleurs à 3000€ la brassée… On achète, sonné, pour s’apercevoir, quelques factures plus tard, que c’est cher un kit à flamber.
– Les « qu’on vive »
† C’est incroyable de voir le nombre de personne présentes aux enterrements alors que tu es mort dans l’indifférence générale. On retrouve des membres amputés par une famille brouillée, des amis d’amis du cousin de la femme du voisin d’à côté, des inconnus qui ont vu de la lumière dans le crématorium et qui sont entrés pour profiter d’un peu de chaleur humaine… De quoi se brouiller à mort.
– Bise en bière
† Après avoir enterré le dossier, les obsèques sont aussi l’occasion de cumuler les cadavres de bouteilles au frais de la famille de l’incinéré qui s’est saigné toute sa vie pour qu’on respecte a minima ses dernières volontés.
Plus détendus, les convives – ravis comme linceul homme – changent de sujet , se racontent les dernières vacances à Saint-Tropez, exhument les anecdotes « pas piquées des vers » du macchabée à peine enfoui 6 pieds sous terre. Comme dit l’adage : les absents ont toujours tort.
– Les cartes de vieux
Outre quelques mots charmants (généralement envoyés par ceux auxquels on n’aurait pas pensé) voici les poncifs que l’on dépouille
o Sincères condoléances. Rapide, ne veut rien dire, aucune prise de risque, donne bonne conscience.
o Toute la famille Rienafoutre s’associe à votre douleur. Sans doute veulent-ils des parts dans l’héritage…
Avec le recul, on observe ces « convives » qui s’agglutinent pour voir le corps passer. Embarrassés, ils baissent la tête pour éviter d’être apostrophés.
Ils espèrent tous pouvoir rentrer et oublier de vous rappeler comme si la mort était contagieuse.
Ils n’ont pas tort… On finira tous par l’attraper.
Il manque les extraits de la Bible lues pour l’occasion.
La question étant : « Mais pourquoi personne ne lit jamais du Harry Potter ? »
Pingback: Tweets that mention INZECITY » Blog Archive » Le mort de la fin -- Topsy.com