Pourtant, je ne manque pas de conversation… la pluie (ah bah parlons-en justement), le beau temps (et le réchauffement climatique, ça craint, je prends des basses tensions), la vie des VIP (ah ? George Clooney n’est plus célibataire ? De tout façon j’avais un truc de prévu…).
Bref, dès que je vais chez le coiffeur, je ne sais jamais comment aborder la conversation. Pis encore, je ne sais jamais quoi répondre à la gentille coiffeuse armée d’une paire de ciseau acérée. Un peu comme Samson, dès que l’on me coupe une mèche, je perd ma force conversationnelle. Faut dire que j’ai du mal à me concentrer sur son rasoir coincé dans ma parure capillaire avec ces 40 miroirs réfléchissant ces 39 paires de yeux qui me scrutent (oui, on est toujours un peu parano chez le coiffeur mais on fait pareil)…
Surtout, je surveille au cas où elle déciderait d’amputer ma frange (même si je suis emprisonnée dans ma blouse 10 fois trop grande), de toute façon si elle se plante, je ne pourrais que porter plainte pour préjudice moral.
Et puis, j’ai l’impression d’être un Yorkshire mouillée en train de sécher dans un écrin de skaï… Bizarrement, je me trouve toujours moche chez le coiffeur. Le teint blafard, l’œil torve et… oh mon Dieu !!! Rendez vous les yeux ! Vous êtes cernés ! Bravo le Temple de la beauté !
Pendant ce temps-là, la coiffeuse, qui constate votre désarrois, tente le tout pour le tout.
Question : « C’était bien les vacances ? ».
Réponse : « oui »
Question : « Vous faîtes des soins parce qu’ils sont secs là… ? »
Réponse : « des fois » (et intérieurement, je t’em*******)
Question : « Vous avez essayé le soin super nourrissant au lactosérix hydrato-captant E27 de Franck Coup’tif » ?
Réponse : « Je l’ai déjà en double » (comme quoi c’est vraiment d’la m*** ton produit à 28€ !)
Question : « On fait un brushing ? On vous les lisse ? » (oui, elle ne dit jamais « je »…)
Réponse : « Oh oui ! » (parce que j’ai beau avoir une super coupe, il n’empêche que j’ai la frisette facile)
Et là, pendant, 10 minutes (qui paraissent 1 heure 30), elle s’active sur votre tête en vous racontant que les pellicules sont liées au stress, que sa cliente habituelle a de l’eczéma et qu’elle est partie faire une retraite chez les bonnes sœurs dans le Lubéron… mais moi, je n’entend rien parce que j’ai le sèche-cheveux dans l’oreille gauche (du moins, ce qu’il en reste) et que je tente de garder la tête sur les épaules en crispant mes trapèzes pour éviter qu’elle ne m’arrache la tête.
Au final, Il n’empêche qu’elle fait des miracles ! J’arrive coiffée comme un dessous de bras et je repars avec une toison moutonnant jusque sur l’encolure… et j’ai même économisé ma salive ☺.
« qu’elle est partie faire une retraite chez les bonnes sœurs dans le Lubéron… »
Moi, elle me raconte ses exploits sexuels… Chais pas laquelle des deux situations est plus drôle, en fait 🙂